[15/09/2009 17:43:29] PARIS (AFP)
élécom, Didier Lombard (g) reçu par Xavier Darcos, le 15 septembre 2009 à Paris. (Photo : Miguel Medina) |
Face à la vague de suicides de salariés à , le PDG du groupe et le ministre du Travail ont tenté mardi de trouver des solutions pour enrayer le phénomène et mieux accompagner les salariés, traumatisés, selon les syndicats, par des restructurations à outrance.
“La première urgence est d’arriver” à “arrêter le phénomène de contagion”, a déclaré Didier Lombard, après sa rencontre mardi avec Xavier Darcos, pour évoquer les 23 suicides qui ont endeuillé l’entreprise depuis février 2008.
Vendredi une jeune femme s’est tuée à Paris, en se jetant par la fenêtre de son bureau, deux jours après qu’un salarié a tenté de se suicider en se plantant un couteau dans le ventre en pleine réunion.
Lundi, une salariée de Metz a également tenté de mettre fin à ses jours en avalant des barbituriques.
“La répétition dans une même entreprise d’événements si douloureux (…) oblige les pouvoirs publics à une vigilance accrue”, a déclaré pour sa part M. Darcos.
à Paris où une salariée de France Télécom est décédée la veille en se jetant par la fenêtre. (Photo : Miguel Medina) |
Sans remettre en cause “les mutations nécessaires”, il faut “faire en sorte que ce progrès (…) nécessaire se fasse dans le plus grand respect possible de la vie des salariés”, a-t-il ajouté.
M. Darcos a souhaité que France Télécom mette en place une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences “offrant aux salariés une visibilité sur leur évolution professionnelle”.
Deux négociations sur le sujet ont déjà échoué, aucun syndicat n’ayant accepté de signer un accord.
Le ministre a aussi demandé une “meilleure prise en compte de la situation personnelle dans l’organisation du travail”, à l’image d’accords signés à EDF ou Renault.
Par ailleurs, le directeur général du Travail participera jeudi 24 septembre à une réunion du comité hygiène et sécurité (CHSCT) de France Télécom, et le représentant de l’Etat au conseil d’administration fera part prochainement de ses préoccupations lors d’un conseil extraordinaire, a indiqué M. Darcos.
“L’Etat se contente de déclarations incantatoires mais ne préconise aucune mesure concrète”, a regretté FO, tandis que Pierre Dubois (CFDT) s’est dit “déçu”: “On se demande ce qui changera si on ne s’attaque pas aux réorganisations”.
De son côté, M. Lombard a assuré vouloir “renégocier le contrat social de l’entreprise”, promettant des changements dès “décembre”.
Il a annoncé la mise en place immédiate d’un numéro vert avec des “psychologues extérieurs à l’entreprise”, à l’inverse des cellules d’écoute installées depuis un an.
Il a rappelé les mesures annoncées la semaine dernière, comme la suspension des mobilités jusqu’au 31 octobre.
Les syndicats du groupe qui accusent “les mobilités forcées” et le “management par la pression” d’être à l’origine des suicides, demandent l’arrêt total des restructurations.
M. Lombard a aussi affirmé que la négociation sur le stress, qui commence vendredi, serait “sans aucun tabou”. Evoquant la “pression émotionnelle exceptionnelle” du management, il a promis de renforcer les équipes de ressources humaines et médecins du travail.
Mais pour ces derniers, a averti M. Darcos, l’agrément ne sera délivré qu’après “un examen attentif des moyens mis en oeuvre pour traiter la prévention des risques psychosociaux”.
“Les mesures sont nécessaires mais insuffisantes”, selon Sébastien Crozier (CFE-CGC-Unsa), pour qui “les salariés demandent un projet collectif, pour effacer leur sentiment d’inutilité sociale”.
Pour Christian Mathorel (CGT), “on attend des actes immédiats et concrets, les salariés sont toujours en danger”.