«Une personne est allé un jour dans un restaurant et a commandé une Ojja.
Insistant pour qu’elle soit succulente, elle a cependant exigé qu’on n’y mette
ni Å“ufs, ni harissa, ni poivre…». Hamadi Arafa, directeur de «Canal 21», aime Ã
raconter cette blague pour illustrer la difficulté de produire des fictions
–drames et comédies- en raison des interdits de toutes sortes auxquels les
auteurs, producteurs, metteurs en scène et télévisions sont tenus de se plier.
Réunis lundi soir, 14 septembre, à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun, pour
faire le bilan de la production nationale de fictions durant ce mois de Ramadan,
les acteurs du monde de l’audiovisuel se sont livrés à un grand déballage durant
lequel chacun d’entre eux a donné libre cours à ses frustrations.
Comme tous les ans à la même époque, la production télévisuelle a fait un bon
quantitatif et –jusqu’à un certain point- qualitatif. Ce qui a permis, comme
d’habitude, de capter l’attention des téléspectateurs tunisiens. En effet,
durant les trois premières semaines du mois saint, les télévisions tunisiennes
ont fait un tabac, avec un taux de pénétration de 93%, «contre un maximum de
45%», en temps normal, confirme Hassan Zargouni, directeur général de Sigma
Conseil. En termes de part d’audience, c’est TV7 qui arrive en tête –grâce à «Maktoub
2» et «Choufli Hal»-, avec 47%, suivie de Hannibal TV (23,2%), de Canal 21
(14,2%) et Nessma TV (8,1%).
Mais en dehors du mois de Ramadan, l’électroencéphalogramme de l’audiovisuel
tunisien est plutôt plat et les Tunisiens se détournent de leurs télévisions
pour aller assouvir leur soif ailleurs. Une situation frustrante pour tout le
monde. <
Pourtant, rappelle l’animateur Kamel Chihaoui, «on a parlé lors d’un séminaire
–tenu il y a près d’une année- de la production de 12 fictions par an. Pourquoi
est-ce que cela ne s’est pas fait ? Quels sont les obstacles ?».
Les différents acteurs du monde de l’audiovisuel se renvoient la responsabilité
de la faiblesse de la production de fictions télévisuelles dans le pays.
Les responsables des chaînes de télévision –en fait seul le directeur de Canal
21 était présent lors de cette soirée-débat, les autres ont brillé par leur
absence- se plaignent de la pénurie de scénarios de qualité. «Alors qu’une
fiction, comme cette année, de 1 à 1,3 million de dinars, nous n’avons pas le
droit de dilapider l’argent de la communauté nationale. Il faut donc que les
textes soient de qualité», affirme Hamadi Arafa. Qui insiste : «Il y a une
grande détermination au plus haut niveau à augmenter la production de fictions».
Les scénaristes et les metteurs en scène mettent en avant, eux, de la difficulté
de décrocher des contrats. Idem pour les acteurs qui se plaignent à la fois du
manque d’opportunités, de la faiblesse des cachets et, surtout, des conditions
de travail sur plateau. Les producteurs –représentés par le président de leur
chambre syndicale, Khaled Akrout- pointent quant à eux un doigt accusateur vers
les chaînes de télévision -qui exigent, comme l’a rappelé Farouk Kattou, ancien
directeur de l’Agence de Promotion audiovisuelle et ancien directeur de la
production et de la publicité à «TV7»- d’un producteur soumettant un projet de
mettre sur la table «50 à 60%» du budget nécessaire à sa réalisation- et surtout
se plaignent de l’inégalité des chances
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