Embauché le jour de la chute de Lehman, Edouard, ex-trader, garde la foi

[16/09/2009 08:02:31] PARIS (AFP)

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ège de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers déclarée en faillite, le 15 septembre 2008 (Photo : Nicholas Roberts)

La carrière d’Edouard d’Archimbaud avait mal commencé: embauché par Lehman Brothers le jour de la faillite de la banque, il n’a jamais eu le temps de s’asseoir à son bureau. Un an plus tard, le trader a quitté la finance et créé sa start-up, mais croit encore aux vertus du marché.

Lorsqu’il est arrivé au pied de la tour Lehman à Londres le 15 septembre 2008, ce diplômé de l’Ecole Polytechnique, titulaire d’un double DEA d’intelligence artificielle et de mathématiques financières, se souvient d’avoir été “abasourdi” par la nouvelle.

“Je n’aurai jamais imaginé qu’une si grosse banque puisse ainsi faire faillite”, reconnaît-il.

“Au pied de l’immeuble, il y a avait plein de journalistes, une ambulance, des policiers. Je ne comprenais rien et donc je suis allé m’asseoir dans le hall et là j’ai vu le Financial Times avec comme titre +Faillite de Lehman+”.

Il ne lui faudra cependant que quelques jours pour retomber sur ses pieds et trouver un nouvel employeur.

Dans l’incapacité de payer le loyer de son appartement londonien, il rentre à Paris et est embauché par la filiale de courtage du Crédit agricole, CA Cheuvreux, comme “quant”, un spécialiste qui conçoit des modèles mathématiques appliqués aux marchés.

Un an plus tard, ce jeune Parisien de 25 ans a tourné cette page financière: il a quitté son employeur pour s’installer à son compte et “entamer une nouvelle vie”.

Loin des tours de la City, c’est aujourd’hui d’un petit appartement de Neuilly-sur-Seine qu’il vient de lancer avec deux amis une start-up, “Doppio”. Elle développe des logiciels pour la logistique, permettant aux entreprises d’affiner leurs prévisions de vente et donc de mieux gérer leurs stocks.

“Beaucoup d’entreprises font leurs prévisions de ventes sur excel de manière pas professionnelle du tout”, explique ce spécialiste des algorithmes. Or ce sujet est devenu crucial en temps de crise pour des entreprises qui cherchent à gérer leurs stocks au plus près.

“Ce qui m’intéresse, c’est l’application des mathématiques à des domaines concrets de l’économie. Nous développons une technique inédite, nous nous servons de la façon dont la finance applique les maths pour le transférer à la logistique.”

Porté par ce nouveau projet, l’ancien trader affirme aujourd’hui n’avoir “aucun regret” et se souvient le sourire aux lèvres de cette première journée avortée chez Lehman.

Ce début de carrière difficile ne lui a d’ailleurs pas fait perdre sa foi dans le système capitaliste, bien au contraire: avec ses associés, il envisage d’introduire son entreprise en Bourse.

“Il y a eu des erreurs commises, mais la situation dans les banques n’est pas si scandaleuse que ce que l’on voulu faire croire et ceux qui touchent des bonus énormes sont une minorité”, estime-t-il.

“On ne se rend pas compte que sans la finance, il y aurait eu beaucoup moins de richesses créées dans le monde ces dix dernières années”, assure le trader reconverti, qui garde “totalement confiance dans le système” au point de ne pas exclure de “retravailler dans la finance un jour”.