[16/09/2009 18:13:19] BRUXELLES (AFP)
éunis le 5 septembre 2009 à Londres (Photo : Simon Dawson) |
Les dirigeants européens, qui se réuniront en sommet jeudi à Bruxelles, comptent mettre la pression sur les Etats-Unis au sujet des bonus, en appelant les pays du G20 à prévoir des menaces de “sanctions au niveau national” afin d’obliger les banques à les encadrer.
Dans un projet de document final obtenu mercredi par l’AFP, qui sera soumis aux chefs d’Etat et de gouvernement européens jeudi soir lors d’une réunion préparatoire au G20, l’UE demande que les primes et bonus soient à l’avenir calculés en fonction “de la performance à long terme”, et plus seulement d’activités spéculatives à court terme.
L’Europe suggère en particulier que la “rémunération variable” versée aux banquiers soit “limitée”, en étant calculée par rapport à leur salaire fixe ou par rapport aux revenus ou bénéfices des établissements financiers, selon ce document encore susceptible d’être modifié.
Surtout, elle demande que les bonus à l’avenir prennent “bien en compte les évolutions négatives afin d’éviter le versement de bonus garantis”, ou l’exercice de stock options lorsque les établissements vont mal.
Pour rendre ces nouveaux mécanismes crédibles, les dirigeants européens souhaitent que “le G20 s’engage à se mettre d’accord sur des règles contraignantes pour les institutions financières sur les rémunérations variables, soutenues par la menace de sanctions au niveau national”, selon le projet de texte.
Au G20, “nous avons besoin d’une percée sur les bonus car nous voyons un retour aux comportements (du passé), à présent que la situation s’améliore un peu” et nous avons des propositions “pour éviter d’encourager les prises de risque excessives”, a dit également mercredi le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays préside l’UE.
Il ne sera toutefois pas facile aux Européens présents au sommet des pays riches et émergents du G20 à Pittsburgh, en fin de semaine prochaine, de convaincre les Etats-Unis.
Washington reste réticent face à toute idée de limitation des bonus bancaires, jugés par beaucoup en partie responsables -parce qu’ils encourageraient la spéculation- de la crise financière qui a connu son paroxysme à l’automne 2008.
Lundi le président Barack Obama s’est ainsi clairement prononcé contre l’idée d’un plafonnement des primes, que promeut la France notamment.
“Nous sommes dans un pays où, de manière générale, on ne dit pas: vous ne pouvez pas payer les gens à un niveau, quel qu’il soit”, à partir du moment où dans le privé le “marché” dit qu’il est prêt à l’accepter, a-t-il dit.
Le projet de texte final du sommet européen va ainsi plus loin que l’accord a minima trouvé par les ministres des Finances des pays du G20, dont celui des Etats-Unis, à Londres le 5 septembre.
Ils avaient alors retenu le principe de la transparence des bonus, de leur étalement dans le temps, ainsi que la possibilité de ne pas verser le bonus promis les années de vaches maigres.
Mais le principe de sanctions contre les banques récalcitrantes n’avait pas fait l’objet d’un accord.
Tout au plus les ministres s’étaient-ils dit prêts à “explorer” les “moyens de lutter contre le non-respect” des principes en ce sens.
Par ailleurs, les dirigeants européens devraient mettre l’accent jeudi à Bruxelles sur la nécessité de réduire les déficits à terme, après les dizaines de milliards d’euros dépensés depuis l’automne 2008 par les pouvoirs publics pour financer des plans de relance et contrer la récession.