é Mercedes-Benz SLS AMG au Salon de Francfort le 15 septembre 2009 (Photo : Torsten Silz) |
[17/09/2009 12:44:17] FRANCFORT (AFP) Cuir, chrome, des centaines de chevaux moyennant… des dizaines ou des centaines de milliers d’euros, malgré la crise le luxe s’étale au Salon de l’automobile de Francfort.
“Il y a des voitures qu’on ne veut conduire que pour une seule raison: vivre la fascination”, a argumenté Dieter Zetsche, le patron de Daimler.
Son groupe expose l’une des vedettes du salon, un coupé Mercedes d’un rouge éclatant, offrant à partir du printemps 571 chevaux pour 177.000 euros.
Le SLS AMG, réminiscence du mythique 300 SL des années 1950 dont il reprend les portes papillon, a été conçu avant la crise, s’est défendu Volker Mornhinweg, le chef d’AMG, filiale de Mercedes/Daimler.
“Ces projets sont nés il y a 5, 6 ou 7 ans, soit en plein dans la croissance d’après la bulle Internet, quand on croyait que la richesse personnelle était un segment stable”, explique à l’AFP Christoph Stürmer, analyste de IHS Global Insight.
Et quand la crise a surgi, il était trop tard. “Cela coûte plus cher d’interrompre un programme que de le poursuivre”, avance Ferdinand Dudenhöffer, professeur spécialisé dans l’automobile à l’université de Duisburg-Essen.
Résultat, certains modèles sont “anachroniques”, selon l’analyste d’IHS Global Insight, qui s’interroge notamment sur les modèles de Porsche –qui lance une quatre-portes familiale, la Panamera– et sur la nouvelle Ghost de Rolls-Royce, à vendre à plus de 200.000 euros.
Tous en tout cas rivalisent de puissance, de la Mulsanne de Bentley aux Jaguars, en passant par la dernière née de Ferrari, la F458, capable d’accélérer de 0 à 100 km/h en 3,4 secondes et de rouler à 325 km/h avec sa boîte de Formule 1 à 7 vitesses… Résultat: une émission de 307 grammes de CO2 par km, très loin des objectifs de l’Union européenne de 120 g.
Car si, crise oblige, les constructeurs insistent sur leurs plus petits modèles, bien moins coûteux et polluants, le marché du luxe reste “une niche” convoitée.
“Ce n’est plus l’âge d’or mais certaines personnes osent de nouveau montrer qu’elles ont de l’argent”, un an tout juste après la débâcle de la banque américaine Lehman Brothers, affirme Christoph Stürmer.
“Le segment du luxe va repartir plus vite que pour les consommateurs normaux”, estime M. Dudenhöffer, dans un entretien à l’AFP. Alors que les salariés lambda n’auront pas droit à des hausses de salaires et que le chômage va augmenter l’an prochain, “les banquiers d’affaires vont faire de gros gains, notamment avec la reprise des fusions et acquisitions”, selon lui.
En Chine, dans les pays du Golfe ou en Russie, les super riches vont soutenir le marché, parient les experts.
Mais même le luxe n’échappe pas à la mode du vert: la plupart des marques affichent leurs efforts pour réduire le poids ou la consommation de leurs limousines ou de leurs bolides.
L’allemand Porsche, souvent qualifié de retardataire dans la course aux innovations écologiques, s’est lancé dans les voitures hybrides, dont le premier de sa gamme –un 4X4 Cayenne– sera commercialisé en 2010. C’est “assez nouveau” pour le groupe, a admis Wolfgang Dürheimer, le chef de la recherche et du développement de Porsche.
Aussitôt vantés les mérites du SLS, le patron de Daimler a lui promis vouloir sortir une version tout électrique en 2013…