Première découverte de pétrole en Sierra Leone, les autorités prudentes

[17/09/2009 15:43:07] FREETOWN (AFP)

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érienne d’une plateforme pétrolière offshore au large de l’Angola le 16 octobre 2003 (Photo : Martin Bureau)

Pour la première fois, du pétrole a été découvert au large de la Sierra Leone, pays d’Afrique de l’Ouest se relevant d’une longue guerre civile, mais les autorités restaient prudentes jeudi, l'”or noir” ayant rarement été une “bénédiction” pour les autres pays africains.

Le communiqué de la présidence sierra-léonaise est laconique et ne trahit aucun enthousiasme excessif: “Le gouvernement de Sierra Leone a le plaisir d’annoncer que la compagnie américaine Anadarko (Petroleum Corporation, APC) a découvert du pétrole en Sierra Leone”.

“Le président Ernest Koroma est extrêmement heureux de cette découverte mais a demandé que nous soyons tous prudents en attendant d’autres développements. Mais c’est une bonne nouvelle de toute façon”, a déclaré à quelques journalistes le porte-parole du gouvernement Ibrahim Ben Kargbo.

“Anadarko dit qu’ils ont découvert des hydrocarbures et qu’il est certain qu’il y a du pétrole et du gaz en Sierra Leone. Mais nous devons attendre un peu pour que cela soit établi” et pour savoir si cela est exploitable, a ajouté le porte-parole, également ministre de la Communication.

L’Américain Anadarko contrôle 40% du consortium à l’origine de la découverte, l’australien Woodside et l’Espagnol Repsol ont chacun 25% et le britannique Tullow 10%.

Aucune compagnie n’a pour l’instant évoqué une exploitation commerciale à court terme.

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Carte de la Sierra Leone

Dans un communiqué, la compagnie Anadarko précise que les hydrocarbures ont été trouvés au large du pays dans le puit Venus B-1 du bloc SL 6/07, à une profondeur de 5.638 mètres, sous près de 1.800 mètres d’eau.

Le puit Venus fait partie de 10 blocs prospectés par la société américaine aux larges de la Sierra leone, du Liberia, de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Cela “montre le potentiel d’une zone qui n’avait pas été explorée auparavant”, s’est félicité l’Espagnol Repsol.

“Nous prévoyons de forer de nouveaux puits exploratoires prochainement qui permettront de déterminer le potentiel commercial de la zone”, a-t-il précisé.

Ancienne colonie britannique, la Sierra Leone se relève lentement d’une guerre civile (1991-2001). Malgré la richesse de son sous-sol, notamment en diamants, le pays figurait en 2008 à la dernière place du classement annuel de l’indice de développement humain des Nations unies.

“Si le pétrole devient une industrie florissante, tous les Sierra-Léonais en bénéficieront, particulièrement la jeune génération”, a promis le porte-parole du gouvernement.

“Je peux vous assurer que ce qui est arrivé lorsque des étrangers ont tiré bénéfice de l’industrie du diamant, et pas les Sierra-léonais, n’arrivera pas dans le secteur du pétrole”, a-t-il assuré.

Au sein de la population, l’espoir d’une vie meilleure était tempéré par les craintes d’une plus grande corruption.

“Cela peut être la fin de fin de nos malheurs” concernant les pénuries d’essence, veut croire Sallieu Jalloh, chauffeur de taxi. Mais de son côté, Salian Koroma, fonctionnaire, espère que “cette découverte ne va pas alimenter la corruption”.

Le pays se situe en effet parmi les trois pays les plus corrompus du monde, selon le rapport 2008-09 de l’organisation Transparency International. Le président Koroma, démocratiquement élu en 2007, a fait de la lutte contre le “cancer” de la corruption sa priorité numéro un.

“Prions tous pour que le pétrole devienne une bénédiction pour le pays”, espère le porte-parole du gouvernement.

Mais “l’or noir” est souvent une “malédiction” en Afrique où “dans trop de pays, la découverte du pétrole a engendré corruption, sous-développement, conflits sociaux et destruction pour l’environnement”, faisait remarquer l’organisation Oxfam dans un récent rapport.