Les Pays-Bas vont réduire drastiquement leurs dépenses dès 2011

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éerlandais Wouter Bos, le 5 septembre 2009 à Londres. (Photo : Simon Dawson)

[20/09/2009 10:13:04] LA HAYE, 20 sept 2009 (AFP) Les Pays-Bas ont annoncé cette semaine une réduction de 20% de leurs dépenses publiques à partir de 2011 afin de contenir un endettement aggravé par la crise, mais opposition et économistes jugent ces mesures trop tardives ou inutiles.

Le projet de budget pour 2010 présenté mardi par le gouvernement de centre-gauche prévoit quelque 40 milliards d’euros d’économie, à partir de 2011, dans une vingtaine de domaines du secteur public, comme le système de santé, le logement ou les allocations familiales.

Les ministères, chargés d’étudier les moyens de réaliser ces économies, rendront leurs conclusions mi-2010, un an environ avant les prochaines élections législatives.

“Des choix difficiles et des conséquences douloureuses” seront “inévitables”, a prévenu le ministre des Finances Wouter Bos devant le parlement.

Ces mesures sont jugées essentielles pour contenir les effets de la crise sur la dette publique qui, grevée notamment par un soutien de 50 milliards d’euros au secteur financier, atteindra 381 milliards d’euros en 2010, soit 65,7% du produit intérieur brut (PIB), contre 60% du PIB en 2009.

La dette, aggravée également par des recettes énergétiques en baisse, une forte hausse du chômage et une chute des rentrées fiscales, devrait s’alourdir de “plus de 30 milliards d’euros par an” même si le PIB retrouvait une croissance de 2% dès 2011, son niveau d’avant la crise, selon le gouvernement.

Le déficit public devrait lui atteindre 6,3% du PIB en 2010 tandis que la croissance resterait nulle.

“Cette crise constitue une opportunité pour réévaluer l’action du gouvernement, pour vérifier que chaque euro de taxe est bien dépensé”, a souligné le ministre de Finances.

Au parlement, l’opposition a dénoncé la lenteur de réaction du gouvernement qu’elle accuse de vouloir différer les décisions difficiles. Les trois principaux partis d’opposition ont adopté une motion de défiance, rejetée sans surprise à la Chambre basse.

Le Premier ministre chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende a balayé ces accusations : tailler dès à présent dans les dépenses publiques n’aurait pour seul effet que d’aggraver la récession, a-t-il assuré.

Des dépenses pour stimuler l’économie sont au contraire nécessaires en 2010, a-t-il argué : 4,2 milliards d’euros ont ainsi été inscrits au budget, dont 900 millions pour lutter contre le chômage qui touchera 8% de la population active, contre 4,9% aujourd’hui.

De leur côté, des économistes contestent la nécessité même des économies préconisées par le gouvernement.

“Le déficit public découle de la crise. Lorsque la crise disparaîtra, le déficit disparaîtra”, affirme Harrie Verbon, professeur en finances publiques à l’université de Tilburg.

“Le gouvernement veut se draper d’une image de sérieux en faisant croire aux marchés financiers et au grand public qu’il va réduire son déficit. Mais 20%, c’est irréaliste”, estime pour sa part Roel Beetsma, économiste à l’université d’Amsterdam. Ce serait “sans précédent”, selon lui.

Comme les municipalités et le secteur de la santé, il met en garde: les restrictions budgétaires risquent de porter un mauvais coup aux services publics.

Dans son projet de budget pour 2009, le gouvernement avait prévu trois années consécutives d’excédent budgétaire.