Chargée, depuis 1972, de participer à l’élaboration de la politique de
coopération technique du pays, de prospecter les possibilités de recrutement à
l’étranger de l’expertise tunisienne et d’établir un inventaire permanent des
ressources humaines disponibles, l’Agence Tunisienne de Coopération Technique (ATCT),
indique le dernier rapport de la Cour des Comptes, s’est constamment heurtée,
dans sa mission, aux interférences des différentes structures publiques dont la
coordination avec l’ATCT laisse souvent à désirer en raison de la persistance
d’un cadre juridique flou dans la précision et l’explicitation de la notion de
coopération technique.
Avec la création, en 1998, d’un Conseil national de la coopération technique,
doté de prérogatives similaires à celles de l’ATCT, la définition des
attributions des uns et des autres devient une urgence afin d’éviter les
situations de blocage, de créer des synergies réelles et d’assurer aux choix
nationaux, relatifs à la valorisation des compétences tunisiennes sur le plan
international, la lisibilité nécessaire.
Des contrats objectifs non respectés
Pour la période 2007-2009, l’Agence s’est engagée auprès de l’autorité de
tutelle à réaliser l’inventaire des expatriés tunisiens auprès des organismes
internationaux, à recenser les étudiants étrangers poursuivant leur cursus
universitaires en Tunisie et à établir une base de données concernant les cadres
africains et arabes, en mission sur le sol national.
Au fait, une telle démarche permettrait d’instaurer des canaux de communication
permanents avec l’élite d’un bon nombre de pays liés à la Tunisie par des
accords de coopération, de conforter notre image sur le plan international et de
renforcer notre diplomatie dans son environnement arabe, africain et
méditerranéen. Hélas, à ce jour, d’après la Cour, l’ATCT n’a réalisé aucun de
ces objectifs.
De même, jusqu’au mois de juin 2008, l’étude prospective concernant les besoins
futurs du marché extérieur de l’emploi n’a pas encore connu un début de
réalisation, en dépit des recommandations d’un Conseil ministériel restreint,
réuni le 27 Juillet 2006 à cet effet.
Diversifier les destinations
Durant les années 2005-2006-2007, le nombre d’emplois proposés à l’Agence a
atteint environ 5.147 postes pour lesquels ont postulé 13.936 candidats dont
2.052 ont été retenus. Les travaux de contrôle ont révélé une régression du
pourcentage des Tunisiens ayant rejoint leur lieu d’affectation, ce qui appelle
à une analyse approfondie des causes de cette désaffection, préjudiciable à la
crédibilité du pays dans un contexte de concurrence accrue, au sud et à l’est de
la Méditerranée, dans le domaine de la coopération technique.
Par ailleurs, s’agissant des destinations, il est clair que la région du Golfe
arabe, Eldorado d’une diaspora mondiale bronchée, à la pointe du progrès,
accapare la part du lion au niveau du taux de recrutement en Tunisie avec 54% de
l’ensemble des départs effectifs à l’étranger, ce qui nécessite, à l’avenir, la
prospection de nouvelles filières.
A la fin, la Cour invite l’Agence Tunisienne de Coopération Technique de
réfléchir sur les causes du fléchissement du «taux de satisfaction» des offres
d’emploi afin d’envisager les solutions susceptibles de favoriser les chances
des compétences du pays de coller aux besoins d’un marché international en
mutation, de s’adosser à de nouvelles expériences de travail et de consolider
encore davantage des acquis scientifiques et techniques à travers le partage et
la mutualisation des connaissances.
Gérer les affaires des coopérants autrement
Constatant la non consignation, dans des dossiers, de toutes les informations
relatives à la situation des détachés, la Cour des Comptes attire l’attention de
l’ATCT sur les répercussions négatives d’une telle situation sur les expatriés
sur le plan administratif et les détachés auprès de l’Agence dont la
contribution au titre de la retraite obéit à un régime spécifique auprès de la
CNRPS (11.123 affiliés) et de la CNSS (430 adhérents).
En 2007, la part de l’expertise tunisienne fournie par le secteur privé
représentait 23% du total des coopérants travaillant à l’étranger. Il s’agit
d’une catégorie de professionnels liée à l’Agence Tunisienne de Coopération
Technique en fonction d’un «contrat d’engagement», qui ne constitue pas, sur le
plan juridique, une relation de travail, fondée sur le recrutement.
Dans un contexte de projection à l’international et où l’ensemble du Bassin sud
de la Méditerranée rivalise d’ardeur pour prendre des parts du marché mondial de
l’emploi lié à l’expertise, l’ATCT se doit d’affiner son système de gestion de
la qualité, de participer efficacement à la valorisation des ressources humaines
du pays et d’assumer pleinement son statut de relais entre une élite expatriée,
l’expertise demeurée au pays et les niches en expansion un peu partout dans le
monde.