La crise économique mondiale a tardé à faire sentir ses effets sur le tissu
économique tunisien, mais ceux-ci sont bien là. D’après, une étude portant sur
l’impact des mesures prises en faveur des entreprises nationales, trois secteurs
exportateurs et jusqu’alors bien portants ont été affectés –il s’agit du
textile, de l’automobile et des phosphates et dérivés-, alors que d’autres
–essentiellement l’agroalimentaire, le bâtiment et les travaux publics- «en
situation difficile avant la crise», ont vu leur situation «se dégrader encore».
Les mesures anticrises prises par le gouvernement, fin décembre 2008, ont-elles
eu l’impact escompté, à savoir amortir l’effet de la crise économique mondiale
sur les entreprises tunisiennes ?
Pour répondre à cette question, le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des
Petites et Moyennes Entreprises a commandé une étude sur «les modalités de mise
en œuvre et l’impact des mesures anticrises», réalisée par Comete Engineering,
le bureau d’études dirigé par M. Radhi Meddeb. L’étude a été menée au printemps
dernier, c’est-à-dire près de quatre mois après l’entrée en vigueur de ces
mesures. Des entretiens menés avec une trentaine d’entreprises –dont la COTUNACE
et la SOTUGAR- et d’organisations (CEPEX, IACE et UTICA).
Il en ressort que les mesures de nature financière ont très peu sollicité,
puisque «le nombre d’entreprises ayant bénéficié du rééchelonnement de leurs
créances est insignifiant». Jusqu’en avril, cinq banques de la place n’ont
enregistré l’introduction que de trois dossiers.
De son côté, la COTUNACE (Compagnie tunisienne d’assurance du commerce
extérieur) «n’a constaté aucune variation dans ses statistiques, que ce soit en
termes de souscriptions nouvelles d’assurances export ou de déclarations de
sinistres entre les quatre premiers mois de 2009 et ceux de 2008».
Enfin, la SOTUGAR (Société tunisienne de garantie) n’a été sollicitée durant
cette période que pour un montant de 500.000 dinars sur les 25 millions de
dinars de la facilité mise en place.
Comment expliquer cet apparent manque d’intérêt des entreprises pour ces mesures
d’appui ?
L’étude constate que l’économie tunisienne a été au début «plutôt épargnée par
la crise, à l’image des économies diversifiées avec des opérateurs de petite
taille présentant une capacité de résilience élevée» et rappelle que «les
mesures prises par le gouvernement tunisien en décembre 2008, l’ont été à un
moment où peu de visibilité était disponible sur la durée de la crise et son
ampleur». Des mesures que les entreprises interrogées ont jugé «à la fois
pertinentes et préventives», même si «rien dans la situation des entreprises
tunisiennes à ce moment là ne nécessitait la mise en œuvre» d’un tel dispositif,
constate l’étude, «sauf la prudence et la volonté des autorités à sécuriser les
entreprises susceptibles d’être touchées par la crise». Et c’est ce qui, selon
l’étude, pourrait expliquer que la demande à en bénéficier ait «tardé à
s’exprimer».