Tourisme : la nuit au château en Espagne ne connaît pas la crise

[22/09/2009 10:02:52] PLASENCIA, Espagne (AFP)

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Le parador de Placencia, le 18 septembre 2009 (Photo : Dani Pozo)

Les marées de touristes ont beau avoir reflué des plages espagnoles cet été, tout le secteur ne connaît pas la crise: les paradors, hôtels de luxe typiquement espagnols, ont le vent en poupe en proposant des nuitées de prestige chargées d’histoire à des prix abordables.

A Plasencia (ouest), dans l’ancien couvent de Santo Domingo fondé au XVe siècle, les touristes logent dans des cellules monacales avec télé-satellite, mangent des plats régionaux dans l’ancien réfectoire tapissé de mosaïques et sirotent des cocktails dans la bodega qui abritait jadis jarres d’huile d’olive et tonneaux de vin.

“On n’aurait jamais pu s’offrir un hôtel de cette catégorie en France. On a l’impression de voyager dans le passé. C’est une atmosphère particulière mais pas du tout désuète”, résume Adèle, une Française de 22 ans qui fête son anniversaire dans ce lieu “romantique” à souhait avec son compagnon, Benjamin.

Réseau de 93 hôtels disséminés sur le territoire, les paradors attirent de plus en plus de voyageurs de tous horizons en quête d’authenticité, des charmes cachés de l’Espagne et d’offres promotionnelles que la chaîne multiplie.

Si les paradors transforment des monastères ou des châteaux en hôtels de luxe, ils possèdent aussi des bâtiments modernes, mais toujours bien situés.

Le réseau a vendu 275.704 nuitées durant juillet et août, soit une augmentation de 5,9% par rapport à l’été précédente malgré la crise économique qui frappe durement le pays. A titre de comparaison, selon les dernières statistiques officielles disponibles, l’ensemble des établissements hôteliers d’Espagne a subi en juillet une baisse de 5,5% des nuitées sur un an.

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Le parador de Placencia, le 18 septembre 2009 (Photo : Dani Pozo)

“Les paradors sont rentables malgré le contexte économique. Nous sommes une entreprise publique qui s’auto-finance et qui investit ses bénéfices dans la préservation et la restauration du patrimoine espagnol afin d’offrir un tourisme différent”, explique à l’AFP le président de la société, Miguel Martinez.

Le couvent de Santo Domingo était dans un état lamentable et complètement vide lorsqu’a été décidée sa rénovation en 1998. Aujourd’hui, des fauteuils moelleux installés dans le cloître invitent le voyageur à la sérénité, sans l’ascèse monastique.

Les paradores sont destinés à devenir un des fers de lance du nouveau modèle touristique espagnol, qui reposait jusque-là beaucoup sur l’occupation massive des plages du littoral par des marées de touristes de toute l’Europe.

Les paradors “diversifient, enrichissent et améliorent de manière notable l’offre touristique espagnole”, a déclaré le chef du gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, qui a inauguré en personne le nouveau parador d’Alcala de Henares, près de Madrid, fin juillet.

“Les Espagnols sont très fiers de leurs paradors qui sont un foyer d’attraction pour des villages parfois reculés ou de faible importance”, explique Angel, un Galicien de 55 ans qui se félicite de payer 30% moins cher sa chambre double (120 euros) grâce à son âge, en dégustant sa bière au pied d’un monumental escalier en son temps réservé aux nobles, et qui conduit maintenant à sa “cellule”.

Nombre d’Espagnols se souviennent que le Prince Felipe et la princesse Letizia, ont passé une partie de leur lune de miel au parador de Cuenca, une petite ville de Castille-la-Manche (centre), dans un couvent du XVIe siècle.

Cette image romantico-médiévale fait des émules. “Les fins de semaine, la suite la plus luxueuse du couvent de Plasencia, avec lit à baldaquin et jaccuzzi (320 euros soit le double du prix standard) est presque toujours occupée par de jeunes couples”, raconte le directeur, Felix Lobo.