[22/09/2009 20:26:07] PARIS (AFP)
ône), le 22 septembre 2009. (Photo : Gerard Julien) |
La direction de la SNCF a mis un milliard d’euros sur la table, mardi lors d’un comité central d’entreprise, pour financer son nouveau plan fret qu’elle entend mettre en oeuvre d’ici 2015, sans chiffrer ses conséquences sur l’emploi, préoccupation majeure des syndicats.
Cette enveloppe s’ajoute aux 7 milliards d’investissements en faveur du fret ferroviaire d’ici 2020, annoncés la semaine dernière par le gouvernement.
“Ce n’est pas un énième plan de sauvetage du fret de la SNCF, une énième rustine, c’est une remise à plat”, selon une source proche du dossier.
La SNCF prévoit des pertes de 600 millions d’euros en 2009 pour son fret, en difficulté chronique et soumis à la concurrence depuis 2006, et reconnaît que souvent “la priorité est donnée au trafic passagers”.
Dans son “schéma directeur pour un nouveau transport écologique de marchandises”, document exposé en CCE dont l’AFP a obtenu copie, l’entreprise publique présente neuf projets industriels, dont le développement de quatre autoroutes ferroviaires (280 M EUR d’investissements), du transport combiné terrestre, maritime et fluvial (250 M) et du réseau fret ferroviaire européen à grande vitesse d’ici 2020 (350 M).
Une enveloppe de 100 millions sera en outre allouée aux activités portuaires, au soutien aux opérateurs de fret de proximité (PME ferroviaires), et aux initiatives de “logistique urbaine innovante”, sur le modèle de ce qu’a réalisé Monoprix pour approvisionner ses magasins parisiens.
Pour “améliorer la performance de fret SNCF (fiabilité, compétitivité)”, elle veut constituer “quatre entités spécialisées” par marchés, en lesquelles les syndicats voient de futures filiales de droit privé.
La SNCF entend aussi “massifier la plus grande partie possible des trafics du wagon isolé” (assemblage de wagons pour différents clients), les syndicats craignant que 50 à 60% de ces trafics soient abandonnés au profit de la route.
La SNCF a fait mesurer par un cabinet indépendant “l’impact carbone” de son plan. Sur 20 ans et même avec une conjoncture dégradée, il a conclu à des économies de CO2 à condition toutefois de capter des trafics supplémentaires.
L’entreprise veut mettre en oeuvre ses projets entre 2010 et 2015, le “plein impact en termes de volume” pouvant être obtenu en 2020.
“Mais que fait-on aujourd’hui?”, s’interroge le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste, qui souhaite “peser” sur les décisions, s’il le faut par une grève.
A l’appel de Sud-Rail, des dizaines de cheminots vêtus des gilets orange avec le slogan “des wagons, pas des camions” ont manifesté devant le siège de la SNCF durant le CCE. Leurs délégués ont refusé de rester durant la présentation d’un “plan de casse du fret”.
L’Unsa, très remontée contre ce qu’elle perçoit comme “une filialisation quasi complète de toutes les activités fret”, prévoit “un conflit” si l’entreprise “ne revoit pas sa copie”.
La CFDT, elle, “reste dans l’expectative”.
La direction, qui n’a pas chiffré l’impact sur l’emploi alors que les syndicats l’évalue à 6.000 suppressions de postes, a renvoyé les négociations sur le volet social à des tables-rondes, la première débutant le 5 octobre.
Sur LCI mardi soir, le pdg Guillaume Pépy a assuré que la SNCF “avait besoin de tous les cheminots”: “Les personnes qui seraient concernées vont trouver de nouvelles missions au sein de la SNCF”, a-t-il dit, en réitérant une promesse faite au personnel qui ne calme pas leur crainte de voir les effectifs SNCF globalement diminuer.
Un conseil d’administration se tiendra mercredi à la SNCF sur ce plan fret.