USA : Harvard et Yale, vivier de l’élite financière, appauvries par la crise

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étudiants d’Harvard attendent le début de la cérémonie de remise des diplômes, le 4 juin 2009 à Cambridge, Massachusetts. (Photo : Darren Mccollester)

[24/09/2009 09:00:21] NEW YORK (AFP) Après avoir engrangé pendant des années des milliards en spéculant sur les marchés avec leurs économies, les prestigieuses universités américaines Harvard et Yale, vivier des génies de la finance mondiale, ont vu la valeur de leurs bas de laine s’effondrer avec la crise.

Harvard, située à Cambridge, dans la banlieue de Boston (Massachusetts, nord-est), a reconnu que le fonds qu’elle administre avait terminé l’exercice 2008/09 à 26 milliards de dollars, soit 27,3% de moins que l’an dernier.

Sa rivale Yale, à New Haven (Connecticut, nord-est) a estimé ses actifs investis sur les marchés à 16 milliards au 30 juin, ce qui représente une perte de 30% en un an.

Les deux universités, les plus riches du pays en 2008, ont vu partir en fumée plus de 9 milliards pour Harvard et 6 milliards pour Yale.

Comme la plupart des organisations américaines à but non lucratif, les grandes universités placent une partie de leurs revenus sur les marchés et le retour sur investissement alimente une partie de leur budget.

Pour Harvard, cette activité qui mobilise plusieurs dizaines de personnes en interne, finance un tiers des dépenses. D’autres établissements font appel à des gestionnaires extérieurs.

L’année “a été très probablement la période la plus difficile des temps modernes pour les marchés financiers, et aussi pour le portefeuille d’actifs d’Harvard”, a reconnu dans son rapport annuel Jane Mendillo, qui dirige Harvard Management Company, la branche chargée des investissements de l’établissement.

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ès de l’université d’Harvard. (Photo : Darren Mccollester)

Mais pour Eric Bailey, de la firme de conseil financier CapTrust, l’environnement économique n’est pas seul responsable: Harvard et Yale ont pris plus de risques financiers que d’autres universités.

Celle de Columbia, à New York, a ainsi limité ses pertes à 16% l’année dernière, selon les chiffres communiqués à l’AFP par un porte-parole.

Harvard et Yale “ont probablement perdu deux fois plus, si ce n’est davantage, qu’une université moyenne sur cette période”, explique M. Bailey. “C’est d’abord dû à leur stratégie, qui bien sûr les a aidées les années précédentes mais qui maintenant leur porte tort”.

Loin de se limiter aux marchés boursier et obligataires, elles ont placé la plus grande partie de leurs avoirs dans des produits financiers très variés, spéculant sur les matières premières comme le pétrole ou le bois, sur l’immobilier, investissant dans des sociétés non cotées…

Elles se sont aussi placées sur des actifs plus complexes, adossés à des prêts par exemple, qui offraient des rendements spectaculaires au début de la décennie mais se sont depuis effondrés.

“Seule une petite fraction de notre fonds est investi dans des actifs cotés, le rebond récent de la Bourse n’a donc pas eu d’effet significatif” sur sa valeur, a expliqué le président de Yale, Richard Levin.

En conséquence, a-t-il prévenu, “une nouvelle série de réductions des dépenses sera nécessaire”.

La direction demande à ses départements, qui ont déjà dû réduire leurs dépenses de 7,5% l’an dernier, d’appliquer dès cette année un effort supplémentaire de 5% (hors salaires), prévu initialement pour l’an prochain.

“C’est le prix inévitable d’une plus grande prise de risque”, estime Burton Weisbrod, professeur d’économie à l’université Northwestern (Illinois, nord). “C’est une année terrible”, mais Harvard comme Yale “avaient connu beaucoup de bonnes années”.

Vu les plus-values faramineuses engrangées pendant plusieurs années, les deux établissements restent en effet plus riches qu’il y a cinq ans.

“Yale et Harvard se remettront”, assure Eric Bailey. Mais d’autres universités plus modestes ayant fait le même genre d’investissements “n’ont pas accès aux meilleurs gestionnaires et pourraient ne pas s’en remettre”.