Les chantiers nautiques rivalisent de nouveautés pour sortir de la tempête

photo_1253794336345-1-1.jpg
à La Rochelle le 23 septembre 2009 (Photo : Pierre Andrieu)

[24/09/2009 12:16:28] LA ROCHELLE (AFP) Les constructeurs nautiques rivalisent de nouveautés au 37e salon du Grand Pavois à La Rochelle: dans une filière secouée par la crise, les industries à l’avenir incertain multiplient les stratégies pour sortir de la tempête.

Sur les pontons ensoleillés du plus grand salon à flot d’Europe, qui s’est ouvert mercredi au port des Minimes de La Rochelle, les catamarans géants affichent fièrement leurs lignes élégantes devant les nombreux amateurs.

Cette année, la filière se veut résolument optimiste. L’an dernier, on ne parlait que de crise, les industries accusaient une perte de chiffre d’affaires de 30 à 50%, les plans sociaux se sont multipliés, avec leur lot de chômage partiel et de licenciements.

Sans pour autant parler encore de reprise, “les entreprises n’ont pas baissé les bras”, se félicite Jean-François Fountaine, président de la Fédération des industries nautiques (FIN). “Elles ont montré beaucoup de créativité et d’innovation et présentent de nombreuses nouveautés cette année, c’est un moyen de sortir de la crise”.

Nouveau design, nouveaux matériaux, nouvelle motorisation, nouvelles gammes, évolutions technologiques pour améliorer la sécurité, le confort, l’espace, “les gens se lâchent dans des formes inhabituelles”, dit-il.

Créé en 1973, le Grand Pavois, incontournable rendez-vous des multicoques, présente cette année 230 à 240 nouveautés, dont 156 en matière de navires contre une centaine habituellement.

“Cette crise est arrivée rapidement et violemment mais tout le monde s’est remis en cause, tout le monde a essayé d’innover, on voit un grand dynamisme de la profession”, souligne Alain Pochon, président du salon. “Est-ce que ça va payer”, se demande-t-il, en espérant avoir passé le cap.

Grâce à ses 29 nouveautés 2010, le groupe Bénéteau, leader mondial de la voile, table sur 5 à 10% de croissance supplémentaire sur les 20% escomptés.

photo_1253794522331-1-1.jpg
électrique présenté au salon nautique du Grand pavois à La Rochelle le 23 septembre 2009 (Photo : Pierre Andrieu)

“Ce qui plaît, c’est la nouveauté”, souligne Bruno Cathelinais, président du directoire du groupe. “Il faut tirer les leçons de cette crise en termes d’attentes et de besoins du client pour le futur”, ajoute-t-il. Pour lui, “en matière d’innovation, ce n’est pas le moment de lâcher, tout le monde est en train de muter”.

La société, qui est passée de 1,05 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2008 à 650 millions cette année, consacre en moyenne 4% de son budget en recherche et développement.

Fountaine-Pajot, un des leaders mondiaux des catamarans, qui sort trois nouveaux modèles, a fait aussi un effort sur les prix. “Pour le même prix, on a toutes les options”, souligne M. Fountaine, également PDG du groupe.

“Crise = opportunité”, lance aussi Eric Bruneel, concepteur d’un nouveau trimaran de 50 pieds équipé course, aux lignes épurées, dont les 65 mètres carrés habitables se situent sur un seul niveau aménagé comme un loft.

“Dans le catamaran de croisière, on change d’époque, il fallait créer un nouveau concept car la concurrence s’intensifie”, dit-il. Pour lui, crise ou pas, la clientèle fortunée est toujours là. “Elle sera sensible aux nouvelles idées des entrepreneurs et mordra d’autant plus aux nouveaux concepts”, ajoute-t-il.

“Après l’effet psychologique (de la crise), la clientèle revient”, se félicite aussi Bruno Voisard, PDG de Nautitech, spécialisé dans les catamarans milieu et haut de gamme. “Souvent les gens cassent leur tirelire ou achètent à plusieurs ou mettent leur bateau en gestion-location”, dit-il.

Reste que cette année le Grand Pavois a dû baisser le prix de l’emplacement pour limiter les défections d’exposants acculés par les baisses de carnets de commandes. Crise oblige, les organisateurs ont aussi rogné sur les coûts de moquette et de climatisation.