2009, année noire pour les voyages d’affaires dans le monde

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ège en business class à bord d’un Airbus A380 de la compagnie Emirates Airlines, le 1er août 2008 (Photo : Stan Honda)

[25/09/2009 07:48:03] PARIS (AFP) Après plusieurs années fastes, le tourisme d’affaires est entré dans une zone de fortes turbulences, affichant une baisse de plus de 20% dans le monde: fini les voyages “bling-bling” en première classe et les séjours dans des hôtels de luxe assortis de spas ou de parcours de golf.

2009 “sera une très, très mauvaise année pour les voyages d’affaires” et le secteur “ne peut pas s’attendre à un rebond rapide”, avait pronostiqué en mai Hubert Joly, PDG du groupe touristique américain Carlson, maison mère de Carlson Wagonlit Travel (CWT).

Un constat qui est partagé par de nombreux participants au Salon professionnel du tourisme IFTM Top Resa à Paris, très pessimistes sur l’avenir de cette activité, reflet fidèle de l’état de santé des entreprises.

Pour l’heure, “il n’y a aucun signe d’un redressement du marché des voyages d’affaires”, analyse Bruno Mounier, directeur des ventes de CWT France. “Une reprise très modeste pourrait intervenir à partir du second semestre 2010”, avance-t-il.

Plus confiant, Michel Dieleman, président de l’Association française des Travel Managers (AFTM), qui regroupe les chargés de voyages des entreprises, a noté “un léger frémissement, une reprise de 5 à 10% des voyages depuis un mois et demi”.

En attendant, les entreprises continuent à faire la chasse au gaspi dans leur budget voyages: les hommes d’affaires se voient contraints de délaisser le confort de la classe affaires pour l’économique, en avion ou train, et de descendre dans des hôtels à deux ou trois étoiles au lieu de l’habituel “quatre étoiles”.

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ège en business class à bord d’un Airbus A380 de la compagnie Emirates Airlines, le 1er août 2008 (Photo : Robyn Beck)

“Au-delà de trois ou quatre heures de vol, la classe éco n’est pas assez confortable. Les entreprises prennent un risque à faire voyager leurs salariés dans ces conditions et à dégrader ainsi leur performance”, juge Bruno Mounier.

Et la grogne des voyageurs d’affaires commence à monter, selon une étude publiée au salon Top Resa par Mondial Assistance et le site spécialisé DéplacementsPros.com. 68% des 731 professionnels interrogés en France déplorent “une baisse évidente de la qualité” de leurs voyages.

Les déplacements en un seul jour, où le voyageur se lève parfois à 4H00 du matin pour regagner son domicile à minuit, sont en hausse de 38% par rapport à l’an dernier, une formule express jugée “éprouvante”.

Les voyages ont baissé de 28% en moyenne dans les entreprises françaises, un chiffre comparable aux marchés américain et allemand, indique l’étude.

Le marché mondial des voyages d’affaires, estimé à 350 milliards de dollars, avait commencé à ralentir au troisième trimestre 2007 aux Etats-Unis et fin 2008 en Europe.

La baisse est notable pour les banques d’affaires et l’automobile, deux secteurs frappés par la crise et renfloués par des fonds publics, qui évitent désormais d’envoyer leurs cadres dans des lieux de villégiature associés au grand luxe.

“Les hommes d’affaires voyagent moins, moins cher et moins longtemps”, résume Jean-Pierre Mas, président du réseau d’agences Afat Voyages. La visioconférence prend souvent le relais “et va entrer dans les moeurs” même après la crise, estime-t-il.

Le marché des voyages d’affaires en France a chuté de 20% en valeur, alors que le nombre de départs n’a reculé que de 5%, un décalage qui s’explique à la fois par des prix réduits et le fait que les voyageurs descendent en catégorie.

Confrontée à des classes affaires désertées, Air France a lancé à Top Resa son arme anticrise, “Premium Voyageur”, une classe business bon marché censée éviter aux hommes d’affaires de se replier à l’arrière de l’avion.