Espagne : budget 2010 austère et hausse d’impôts en pleine récession

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érence de presse à l’ONU le 23 septembre 2009. (Photo : Hiroko Masuike)

[26/09/2009 14:46:32] MADRID (AFP) Le gouvernement socialiste espagnol, confronté à une sévère récession, a adopté samedi un projet de budget 2010 d’austérité, qui prévoit 11 milliards d’euros de hausse d’impôts controversée, dont une augmentation de la TVA, au risque d’affecter une relance à la traîne.

“L’ensemble de ces mesures (d’impôts supplémentaires) sera à l’origine de revenus d’environ 10,95 milliards d’euros, soit environ 1% de notre produit intérieur brut”, a déclaré la ministre de l’Economie Elena Salgado à l’issue du conseil des ministres ayant validé le projet.

Ces hausses d’impôts prévoient un relèvement du principal taux de TVA de 16 à 18%, un relèvement du taux réduit applicable notamment à l’hôtellerie de 7 à 8%, tandis que le taux minimal portant sur les produits de première nécessité reste inchangé à 4%.

Le gouvernement veut aussi supprimer une remise de 400 euros sur l’impôt sur le revenu qu’il avait instaurée quelques mois avant la campagne électorale des législatives de 2008. Il prévoit de taxer plus lourdement les revenus du capital.

Le gouvernement socialiste, qui dément courir le risque d’obérer une reprise économique qu’il attend pour 2010, a aussi réduit les projets de dépenses publiques de 3,9% par rapport à 2009, à 185,24 milliards d’euros au total.

Les grands travaux d’infrastructures et le secteur recherche et innovation seront les branches les moins touchées par ces coupes budgétaires.

Malgré cela, le gouvernement prévoit d’être encore bien au delà des limites fixées par le Pacte européen de stabilité (déficit de 3% du PIB) avec un déficit des comptes publics de 8,1% (dont 5,4% pour l’Etat) en 2010. La dette publique devrait s’élever à 62,5% du PIB.

C’est un projet de budget “austère”, qui contribuera à “la reprise de l’emploi”, dans un pays où le taux de chômage ne cesse d’augmenter et s’établit à 17,9%, record de l’UE, a assuré la vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega.

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ômeurs espagnols attendent devant une agence pour l’emploi à Madrid le 22 janvier 2009. (Photo : Philippe Desmazes)

Au plan social, le gouvernement a maintenu son engagement d’augmenter les salaires et les retraites minimaux.

Zapatero avait fait de la baisse de la pression fiscale un leitmotiv et avait tenu parole depuis son arrivée au pouvoir en 2004. Mais la profonde récession économique qui frappe depuis 2008 et les mesures de relance ont plongé les comptes publics dans l’abîme.

Bien que Madrid présente ce budget comme “solidaire” et affectant les plus riches, ce sont les classes moyennes qui seront les plus directement frappées au portefeuille, notamment par la suppression de la déduction de 400 euros de l’impôt sur le revenu.

Concernant la hausse de TVA, qui affecte tous les consommateurs, le gouvernement veut qu’elle s’applique à partir du 1er juillet.

Il espère que la reprise aura alors débuté. Pour l’instant, l’Espagne reste solidement ancrée dans la récession, contrairement à la France ou l’Allemagne qui sont passées dans le vert au deuxième trimestre.

L’opposition n’a même pas attendu le détail du projet pour dégainer. Ce projet de loi ne servira qu’à apporter “plus de déficit, plus de chômage et plus d’impôt”, a lancé le chef de l’opposition conservatrice Mariano Rajoy pendant un meeting.

La droite espagnole et les nationalistes catalans de centre-droit de CiU sont foncièrement hostiles à la hausse d’impôts voulue par le gouvernement, estimant qu’elle risque d’hypothéquer la reprise en plombant la consommation.

M. Zapatero va chercher à s’appuyer sur son aile gauche (les républicains catalans et les écolo-communistes) pour faire adopter son budget. Il devra sûrement aussi marchander avec les nationalistes basques du PNV.