G20 : manifestants et policiers se disputent micro-caméras et micro-blogs

[25/09/2009 21:50:33] PITTSBURGH, Etats-Unis (AFP)

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éployées le 24 septembre 2009 en marge du G20 à Pittsburgh (Photo : Saul Loeb)

Armés de micro-caméras et pendus au fil des micro-blogs de Twitter, les manifestants anti-G20 et la police rivalisent d’outils intelligents pour anticiper les mouvements de l’adversaire lors des manifestations contre le sommet du G20 à Pittsburgh.

A toute heure du jour et de la nuit, tant jeudi que vendredi, manifestants et organisateurs de rassemblements échangent une profusion d’alertes sur Twitter, le réseau de micro-blogs: “Alerte! La police attaque des étudiants à l’université de Pittsburgh”, “Alerte! Toutes les poubelles du quartier d’Oakland ont été enlevées”.

Des centaines de photos et de vidéos filmées avec des téléphones portables ou des micro-caméras inondent les sites des médias pour une couverture en direct des mouvements des protestataires et de la police.

“Nous avons reçu trop de vidéos pour vous les montrer, allez sur notre site”, affirmait jeudi la présentatrice de la chaîne locale wpxi.com.

La police, elle aussi, est devenue maître dans l’art de surveiller le réseau de micro-blogs. “Nous utilisons Twitter comme un outil de surveillance, non pas pour dialoguer avec les manifestants”, explique le lieutenant Sue Kerver, des gardes-côtes américains, une des nombreuses formations policières appelées à la rescousse pour contrôler à Pittsburgh les manifestations anti-G20.

“En les surveillant et en observant ce qui se passe sur le terrain, nous pouvons comparer les informations et anticiper ce qui va se passer pour nos effectifs”, explique Sue Kerver à l’AFP.

A cette surveillance électronique, s’ajoutent les hélicoptères de la police, dotés de caméras, qui survolent les mouvements des protestataires.

Le pistage des manifestants via Twitter est une première pour la police américaine qui l’utilise pour le sommet de Pittsburgh “comme un outil de collaboration entre les différentes agences” policières, affirme le sergent Lavonnie Bickerstaff, de la police municipale.

“Les protestataires diffusent un tas d’informations. Cette source continue d’informations est un dispositif très utile”, explique le sergent. Twitter est toutefois déjà un outil pour la police dans sa collecte de renseignements.

Ces nouvelles technologies sont “un nouvel outil de démocratie”, affirme pour sa part Ravi Singh, président de Electionmall.com, une compagnie américaine spécialisée dans l’utilisation de ces médias lors des campagnes électorales.

“Ces nouveaux médias donnent un pouvoir aux citoyens et peuvent les aider à protéger leurs droits”, affirme M. Singh, joint vendredi en Ukraine alors qu’il enseigne l’utilisation de ces nouveaux outils aux partis politiques ukrainiens. “L’internet est devenu le grand égalisateur. Cette capacité à communiquer en temps réel, à cette vitesse, et à travers des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter est proprement révolutionnaire”, ajoute-t-il. “Mais il faut savoir que les camps opposés veulent chacun contrôler ces messages”, poursuit-il, rappelant l’utilisation de l’internet et de Twitter durant les manifestations iraniennes après les élections.

Cet expert met en garde contre les dérives ethiques de ces nouvelles technologies. “On ne sait pas vraiment ce qui est vrai ou non dans ces messages. Ils ne remplacent pas le vrai journalisme”, estime-t-il.