Pour la première fois depuis six ans, la SNCF sera déficitaire en 2009

[29/09/2009 13:32:24] PARIS (AFP)

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ésident de la SNCF Guillaume Pépy, le 31 mars 2009 à Lyon (Photo : Fred Dufour)

Pour la première fois depuis six ans, la SNCF va renouer avec les déficits en 2009, victime de la dégradation du transport ferroviaire de marchandises et de la croissance en berne du TGV, sa traditionnelle vache à lait.

“Pour l’année 2009, la SNCF sera en pertes. On a perdu 500 millions d’euros au premier semestre, la première partie de l’année. Il faudrait qu’on fasse 500 millions de bénéfices pour être à zéro”, a déclaré son président Guillaume Pepy sur Europe 1.

“On ne fera pas 500 millions de bénéfices. On est en septembre. On ne peut pas encore donner le chiffre de l’année”, a ajouté le président de l’entreprise publique. “On doit faire face à la crise (…) Ça veut dire qu’il y a moins de voyageurs, moins de marchandises”, a-t-il expliqué.

En déficit chronique depuis des années, le fret de la SNCF s’est vu laminé par le ralentissement des échanges commerciaux, qui touche de gros clients, comme l’industrie automobile ou la sidérurgie.

Et les grands rivaux du rail depuis des décennies, les camions, mieux adaptés au transport de marchandises en petite quantité sur de petite distance –un service de plus en plus demandé par les entreprises– ont pratiqué des prix encore plus agressifs pour garder leurs clients, remarque Michel Savy, spécialiste du fret et professeur à l’université Paris XII.

La crise n’épargne d’ailleurs pas l’autre grand du chemin de fer européen, la Deutsche Bahn. L’allemande a vu ses résultats semestriels s’effondrer et son activité fret paralysée par la crise, elle qui était la mine à profits de l’entreprise.

Pour répondre aux difficultés conjoncturelles et structurelles du transport de marchandises de la SNCF, le gouvernement français a accordé à la mi-septembre une enveloppe de 7 milliards d’euros d’ici 2020 à l’entreprise. Et cette dernière a mis un milliard d’euros sur la table d’ici 2015 pour investir dans des produits d’avenir, tels que le transport combiné terrestre, maritime et fluvial et le réseau fret ferroviaire européen à grande vitesse.

Une réforme qui inquiète cependant fortement les cheminots, tablant sur quelque 6.000 suppressions de postes. Le 6 octobre, les fédérations doivent se retrouver pour convenir des modalités d’une possible action, qui pourrait prendre la forme d’une grève.

Se voulant rassurant, M. Pepy a déclaré sur Europe 1 que “le statut des cheminots ne serait pas remis en cause” et “qu’il n’y avait pas de sureffectifs à la SNCF”.

Contrairement aux années précédentes, le mal être du fret ne devrait pas être compensé par la branche voyages, qui regroupe l’activité passagers sur les grandes lignes –Corail, TGV, Thalys, Eurostar–, traditionnelle vache à lait.

Au premier semestre, son chiffre d’affaires avait reculé de 1,7% en raison d’une “baisse du trafic”. Si le TGV a résisté dans l’Hexagone, les trains Corail et Thalys ont vu leurs revenus reculer et l’Eurostar dégringoler.

Ce dernier a très vivement ressenti la tourmente financière, nombre de ses passagers affaires travaillant à la City de Londres.

Comme dans le transport aérien, les businessmen ont déserté la première classe au profit de la seconde ou ont voyagé moins souvent. Et les touristes ont recherché les petits prix, constatait la SNCF en présentant ses résultats semestriels en août dernier. Une tendance inquiétante alors que le 1er janvier 2010, la SNCF doit ouvrir ses lignes internationales de passagers à la concurrence dans le cadre de la libéralisation européenne.