France Télécom : nouvelles mesures face aux suicides, la gauche veut la tête du PDG

[29/09/2009 22:49:39] PARIS (AFP)

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élécom Didier Lombard, le 28 septembre 2009 dans les locaux de France Télécom à Annecy (Photo : Jean Pierre Clatot)

Le nouveau suicide qui a frappé France Télécom lundi, le 24e en 18 mois, a suscité mardi de , les députés PS et PCF réclamant la démission du PDG, insatisfaits, tout comme les syndicats des mesures de la direction face au mal-être des salariés.

La démission de Didier Lombard et la création d’une commission d’enquête parlementaire était pour les députés de gauche mardi, “la seule issue possible, en tout cas immédiatement, à cette affaire”, au lieu de “faire de la communication à bon compte”, a estimé mardi Benoît Hamon (PS).

Après le suicide d’un salarié de Haute-Savoie qui a dénoncé dans une lettre le climat au sein de l’entreprise, la promesse du PDG de mettre fin à la mobilité systématique des cadres tous les trois ans, un programme baptisé “Time to move” (“Il est temps de bouger”), n’a pas convaincu les élus de l’opposition, pas plus que les syndicats, dont certains ont aussi demandé la démission de la direction.

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é d’employés de France Télécom à Annecy-le-Vieux. (Photo : Jean Pierre Clatot)

“Ils ont perdu leur crédibilité”, affirme Patrick Ackermann (Sud-PTT).

“L’image de notre entreprise est atteinte et la direction centrale n’est plus respectée. En interne les salariés disent: +Direction: Time to move+”, ajoute Sébastien Crozier (CFE-CGC).

A droite, si les UMP Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin se gardaient de “toute opération de lynchage”, le premier avouait trouver “très troublantes” ces règles de mobilité et le deuxième appelait à “un changement de stratégie sociale”.

Après le nouveau suicide, CFE-CGC-Unsa et FO ont annoncé qu’ils allaient déposer plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui.

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élécom à Lyon, le 29 septembre 2009 (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

La veuve du disparu a expliqué sur RTL que son mari lui “parlait de toutes ces restructurations, sans cesse. On impose des postes aux gens, on ne leur donne aucune possibilité. Commercial, on ne l?est pas mais il faut l?être quand même”.

Des débrayages sans préavis ont eu lieu mardi, notamment à Annecy-le-vieux, où travaillait le salarié, Grenoble, Lyon, Clermont-Ferrand et Bordeaux.

M. Lombard, qui avait déjà annoncé plusieurs mesures fin août pour tenter d’endiguer le mal-être des salariés (gel des restructurations jusqu’au 31 octobre, ouverture de négociations sur le stress, etc.), a dû aussi répondre mardi à la commission des Affaires sociales du Sénat, où plusieurs sénateurs, de droite ou de gauche, se sont inquiétés du climat très tendu.

Côté syndical, la suspension de la mobilité des cadres a été aussitôt jugée insuffisante.

“+Time to move+ était d’une absurdité incroyable” puisque “le manager, en constante mutation, n’avait pas la reconnaissance de ses équipes”, selon Pierre Dubois (CFDT).

Mais la mesure est “en décalage avec ce qui s’est passé en Haute-Savoie”, puisque le salarié décédé n’était pas cadre, analyse Christian Mathorel (CGT).

“Pour les non-cadres, que se passe-t-il après le 31 octobre?”, se demande aussi Sandrine Leroy (FO), exigeant l’arrêt définitif des restructurations.

M. Lombard a également promis la suspension “immédiate des objectifs individuels” sur le centre d’appel où travaillait le salarié décédé, “le temps d’en améliorer les conditions matérielles”.

Sud-PTT et la CFDT ont aussitôt demandé que cette mesure soit généralisée, CGT et FO souhaitant, eux, la “remise à plat de tous les outils d’évaluation individuelle et de mesure de la performance”.

“Ce sont ces objectifs, pour certains inatteignables, qui sont sources de stress”, affirme Patrick Diochet (CFTC).

Plus largement, les syndicats dénoncent les annonces après chaque nouvel acte désespéré. “Combien de suicides faut-il pour avoir un moratoire sur les restructurations?”, s’inquiète la CFDT.