[30/09/2009 07:57:12] PARIS (AFP)
çois Fillon au Touquet, le 25 septembre 2009 (Photo : Philippe Huguen) |
Le gouvernement présente mercredi un budget 2010 dont l’objectif affiché est d’accompagner la “reprise”, repoussant à plus tard l’épineuse question de la dette et des déficits qui ont explosé à des niveaux record sous l’effet de la crise.
Le Premier ministre François Fillon, dévoilant ce week-end les grandes lignes du projet de loi de finances (PLF), a annoncé un budget “volontariste et vert”. “2009 avait été le budget de la relance au prix d’un déficit très lourd (…) 2010 sera le budget de la reprise”, a-t-il promis.
Au chapitre “vert”, la grande nouveauté du budget 2010 est la taxe carbone, mais plusieurs dispositifs déjà en vigueur seront aussi réorientés en fonction de critères écologiques, comme la déductibilité des intérêts d’emprunt pour l’achat d’une résidence principale.
Pour le volet “volontariste”, plusieurs mesures du plan de relance seront reconduites, comme le doublement du prêt à taux zéro pour l’acquisition d’un logement neuf, l’exonération de charges sociales pour les très petites entreprises qui embauchent ou la prime à la casse pour les automobiles, avec une diminution progressive.
Le budget permettra aussi de financer le “plan jeunes” annoncé mardi, dont l’extension du Revenu de solidarité active (RSA) aux moins de 25 ans.
La suppression de la taxe professionnelle sur les investissements est aussi présentée comme un “choc de compétitivité” favorisant l’emploi, érigé en priorité alors que la fin de la récession est encore loin de rimer avec décrue du chômage. Elle se traduira pour les entreprises par des allègements d’impôts de 6 milliards d’euros en année normale.
Mais l’efficacité de cette réforme est contestée par l’opposition.
Elle “aurait dû être ciblée sur les entreprises industrielles” exposées à la compétition internationale, estime le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, le socialiste Didier Migaud, dénonçant “l’irresponsabilité” de la “politique économique, budgétaire, fiscale” du gouvernement.
Car toutes ces mesures de soutien à l’économie ont un coût qui sera essentiellement supporté par un Etat déjà profondément endetté. Aucune hausse des impôts ou diminution des dépenses n’est programmée, de crainte de couper les ailes de la reprise avant même son envol.
En dépit d’un petit rebond de la croissance, prévue à +0,75% l’an prochain après une récession de -2,25% en 2009, le déficit de l’Etat, qui atteint cette année le niveau sans précédent de 140 milliards d’euros, ne refluera qu’à 115 milliards.
Surtout, la flambée du chômage, qui se poursuivra encore “au moins” jusqu’à la moitié de l’an prochain d’après Bercy, pèse sur les comptes sociaux et va contribuer à un autre record: le déficit public (Etat, Sécurité sociale et collectivités locales) devrait seulement se stabiliser en 2010 autour de 8,2% du PIB, son niveau de 2009.
“Je pense que 8,2%, c’est trop et il faudra faire en sorte qu’il y ait une mobilisation nationale contre les déficits”, a d’ores et déjà prévenu l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.
François Fillon a assuré que l’assainissement des finances publiques serait à nouveau à l’ordre du jour pour 2011 avec “une loi pluriannuelle qui planifiera une baisse de la dépense publique sur plusieurs années”.
Ce qui pourrait se traduire par une décrue d’un point par an du déficit public à compter de cette date.
La dette publique devrait elle aussi grimper jusqu’à un sommet jamais atteint, à plus de 83% du PIB fin 2010, avant même que ne soit comptabilisé le grand emprunt national annoncé pour l’an prochain.