[30/09/2009 10:59:07] PEKIN (AFP)
é de Shanghaï, le 30 septembre 2009. (Photo : Philippe Lopez) |
Le groupe agro-alimentaire français Danone et son partenaire historique chinois Wahaha ont trouvé mercredi un “accord amiable” mettant fin à un conflit vieux de deux ans et marqué par des déclarations acides et des poursuites judiciaires.
Selon l’accord, paraphé mercredi matin dans un grand hôtel de Pékin, Danone se retirera de sa co-entreprise créée en 1996 en vendant ses 51% de parts “à ses partenaires chinois”, ont annoncé les deux groupes dans un communiqué conjoint.
“Cet accord mettra fin à toutes les procédures judiciaires liées aux différends entre les deux parties”, ajoute le texte.
Au centre de la discorde entre les deux groupes, qui a éclaté au grand jour en 2007, figurent une quarantaine de sociétés montées par Zong Qinghou, le fondateur de Wahaha, qui font concurrence aux coentreprises Wahaha-Danone en exploitant les mêmes produits de la marque chinoise, illégalement selon Danone.
Après des mois de querelles publiques, parfois violentes, les deux parties avaient accepté en décembre 2007 de suspendre les procédures judiciaires en cours à la fois en Chine mais aussi à l’étranger pour négocier. Avec le soutien des autorités chinoises et françaises désireuses de régler un problème impliquant deux de leurs entreprises fleurons.
A 63 ans, Zong Qinghou est le symbole même de ce capitalisme “aux caractérisques chinoises”: self-made man milliardaire membre du Parti communiste, nationaliste affiché n’hésitant pas à enregistrer des sociétés dans un paradis fiscal à l’étranger, il avait débuté en 1987 en reprenant une entreprise collective dépendante d’une école, dont il a fait un empire de la boisson non-alcoolisée dans son pays.
L’accord a été signé en présence de représentants du ministère chinois du Commerce et de l’ambassadeur de France Hervé Ladsous au terme d’une “nuit de négociations” pour régler les derniers détails, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier.
Il reste cependant soumis au feu vert des autorités chinoises, selon le communiqué des deux entreprises.
Aucun détail financier n’a été donné et le porte-parole de Wahaha, Mme Shan Qining, a refusé de s’exprimer à ce sujet.
En juillet 2008, le conseil juridique de Wahaha avait affirmé que le groupe français réclamait 17,6 milliards de yuans (1,62 milliard d’euros) pour sortir de la co-entreprise, mais que cette dernière n’acceptait de payer que cinq fois moins.
Un mois auparavant, en visite à Pékin, le président français Nicolas Sarkozy avait évoqué le dossier avec son homologue chinois Hu Jintao, espérant “des progrès concrets dans la recherche d’une solution à l’amiable avec le soutien des deux pays”.
Dans le communiqué publié mercredi, le PDG du groupe Danone, Franck Riboud, a souligné la volonté de Danone, présent en Chine depuis 1987, de poursuivre l’aventure.
“Nous souhaitons accélérer la réussite de nos activités chinoises, conformément à notre mission d’apporter la santé à travers l’alimentation au plus grand nombre de personnes”, a-t-il dit.
“La Chine est un pays ouvert et les Chinois ont l’esprit ouvert”, a déclaré de son côté M. Zong.
“Les sociétés chinoises souhaitent coopérer et croître avec leurs homologues mondiaux sur une base d’égalité et de bénéfice mutuel”, a-t-il expliqué.
La querelle entre Danone, leader mondial des produits laitiers et des eaux minérales avec un chiffre d’affaires de 15,2 milliards d’euros en 2008, et Wahaha avait en effet pris un tour nationaliste, Zong accusant les Français de vouloir s’emparer d’une marque nationale chinoise.