[30/09/2009 19:56:02] PARIS (AFP)
ée après le conseil des ministres le 30 septembre 2009. (Photo : Eric Feferberg) |
Le gouvernement français a présenté mercredi un ” de sortie de crise” pour 2010 qui prolonge l’effort de relance économique engagé cette année au prix d’un déficit public record, à 8,5% du PIB.
Après une récession historique en 2009, avec une chute attendue du produit intérieur brut (PIB) de 2,25%, le projet de loi de finances (PLF) table sur le retour à une croissance faible l’an prochain (+0,75%), mais parie sur une nette reprise à partir de 2011 (+2,5%).
C’est en 2010 “que se joue la sortie de crise”, a affirmé le Premier ministre François Fillon, insistant sur la mise en oeuvre d'”outils puissants de lutte contre le chômage” et d’un “choc de compétitivité” grâce à la réforme de la taxe professionnelle.
Après 580.000 destructions d’emplois dans le privé cette année, le gouvernement table sur 190.000 autres en 2010. Avec le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite, l’Etat supprimera, lui, 34.000 postes.
èses économiques du gouvernement (Photo : null) |
Le budget prolongera donc notamment les dispositifs de soutien à l’emploi déjà existants (indemnisation du chômage partiel, contrats de transition professionnelle, etc.).
Ni hausse, ni baisse d’impôt globale ne sont au programme en 2010: le taux de prélèvements obligatoires restera stable à 40,7% du PIB.
Les entreprises apparaissent cependant comme les grandes gagnantes du PLF, avec la reconduction du crédit impôt recherche (2,5 mds) et surtout la réforme de la taxe professionnelle (TP).
Cette réforme représente à elle seule 11,7 milliards d’euros d’allègements fiscaux pour les entreprises en 2010, puis 7 mds les années suivantes.
ésident Nicolas Sarkozy, le ministre du Travail Xavier Darcos (G) et le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux (D) en discussion avec Martin Hirsch et Patrick Devedjian à l’issue du Conseil des ministres le 30 septembre 2009. (Photo : Eric Feferberg) |
Les ménages semblent moins favorisés: le “verdissement” de certaines mesures fiscales (malus automobile, loi Scellier sur l’investissement locatif, crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt pour l’acquisition d’un logement, etc.) les rendra moins avantageuses. Et ils devront désormais payer l’impôt sur le revenu sur la totalité de leurs indemnités de départ en retraite.
La redevance audiovisuelle passera en outre de 118 à 121 euros.
La taxe carbone devrait en revanche leur être intégralement remboursée.
ée le 30 septembre 2009. (Photo : Eric Feferberg) |
“Les ménages moyens et modestes sont une nouvelle fois les parents pauvres de la politique fiscale du gouvernement”, accuse le député socialiste Didier Migaud, critiquant un budget “en grande partie insincère” et “dangereusement déséquilibré”.
“On n’est pas vraiment dans une situation d’insincérité ou de manque d’effort. On est dans un budget de reprise” avec un nécessaire soutien à la croissance, a répondu la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.
“On ne creuse pas les déficits, on les stabilise”, a ajouté le ministre du Budget, Eric Woerth.
Avec des recettes fiscales minées par la crise (-53 mds d’euros entre 2008 et 2009) et d’importantes dépenses de relance (39 mds cette année, près de 15 l’an prochain), le déficit public a bondi pour atteindre 8,2% du PIB en 2009, du jamais vu.
Le record sera encore battu l’an prochain, malgré un rebond des recettes (+15,5%) et des dépenses de l’Etat qui ne progresseront pas plus vite que l’inflation (+1,2%), hors mesures de relance.
Si le déficit de l’Etat est réduit de 141 à 116 milliards, les comptes sociaux vont plonger en raison de la flambée du chômage. Encore alourdi par la coûteuse réforme de la TP, le déficit total de la France atteindra 8,5% du PIB, tandis que la dette explosera à 84% du PIB.
Un déficit sans commune mesure avec la limite de 3% fixée par Bruxelles et que le gouvernement prévoit au mieux de ramener à 5% en 2013, si la croissance est au rendez-vous. Un budget de rigueur avant la présidentielle de 2012 paraît de toutes façons peu probable.