é du président de la BCE Jean-Claude Trichet (G) et du Commissaire à l’économie Joaquim Almunia, le 1er octobre 2009 à Göteborg (Photo : Georges Gobet) |
[01/10/2009 13:23:52] GÖTEBORG, Suède (AFP) Les pays de la zone euro ont fixé jeudi à 2011, à condition que la reprise se confirme, la date de retour à la discipline budgétaire, qui les verra commencer à réduire déficits et dette qui explosent à des niveaux record avec la crise.
“Si la situation devait continuer à s’améliorer (…), nous pensons que les stratégies de sortie (de la crise), qui doivent être préparées dès aujourd’hui, peuvent être appliquées pendant l’année 2011”, a déclaré jeudi le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker.
Il s’exprimait à l’issue d’une réunion avec ses collègues à Göteborg, en Suède.
Pour décider si cette date est crédible, les ministres s’appuieront sur les prochaines prévisions économiques de la Commission européenne, attendues le 3 novembre. Elles contiendront pour la première fois des pronostics pour 2011.
La Commission table jusqu’ici sur une contraction de l’économie de 4% en 2009, et un léger repli en 2010 (-0,1%).
Les déficits en Europe atteignent des proportions inquiétantes, creusés par les dizaines de milliards d’euros dépensés par les gouvernements pour financer des plans de relance face à la récession, et par la hausse des dépenses sociales induite par la crise.
Le Pacte de stabilité et de croissance européen, qui en principe limite à 3% du Produit intérieur brut le déficit public national annuel des différents pays, a de facto volé en éclats.
Dans l’Union européenne, 20 pays sur 27 prévoient cette année des déficits supérieurs à la limite, et 13 sur 16 dans la zone euro. Du jamais vu.
Du coup la dette suit le même chemin. La Commission européenne prévoit qu’elle atteigne environ 100% du PIB vers 2016 dans la zone euro, avec des sommets en Irlande et au Royaume-Uni, si des mesures “très substantielles” ne sont pas prises à partir de 2011. Un bond par rapport aux 69,3% de 2008.
Sans préciser de date, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet a estimé pour sa part jeudi qu’une stratégie de sortie de crise et de réduction des déficits devait intervenir “le plus tôt possible”.
“Il est important à notre avis que cela commence dès que la reprise commence”, a-t-il commenté.
Toutefois, la condition qu’ont ajouté les pays de la zone euro à un retour en 2011 à la discipline budgétaire illustre les hésitations de plusieurs d’entre eux, réticents à l’idée de fixer une date précise.
“Je ne pense pas que l’on puisse avoir un calendrier précis ou commun” pour mettre en place les “stratégies de sortie” de crise, a déclaré le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos.
“Chaque pays devra définir sa propre +stratégie de sortie+ au moment approprié pour lui”, a-t-il ajouté.
“Peut-être que 2011 peut être une date appropriée”, a jugé pour sa part jeudi la ministre des Finances espagnole, Elena Salgado, dont le pays souffre particulièrement de la crise économique.
“Mais nous devons attendre un peu”, a-t-elle ajouté, “la reprise n’est pas encore là”.
Dans plusieurs pays la réduction des déficits n’est en tout cas pas la priorité du moment.
La France a présenté mercredi un “budget de sortie de crise” pour 2010 qui prolonge l’effort de relance économique engagé cette année au prix d’un déficit public record, à 8,5% du PIB.
Le fossé se creuse avec l’Allemagne. Le gouvernement allemand, où les Libéraux, favorables à la discipline budgétaire vont bientôt faire leur entrée, vient d’annoncer qu’il prévoyait un déficit de seulement 3,7% cette année, contre 4% prévu jusqu’alors.