ève à Marseille (Photo : Anne-Christine Poujoulat) |
[02/10/2009 15:52:59] PARIS (AFP) La “votation citoyenne” sur l’avenir de la Poste, organisée par une soixantaine d’organisations et qui s’achève samedi, devrait donner une idée de l’opposition au projet gouvernemental de transformation de l’entreprise en société par actions, même si elle n’a pas de valeur juridique.
Lancée le 28 septembre dans toute la France par le Comité national contre la privatisation de la Poste (CNCPP), qui regroupe 62 partis de gauche, syndicats, et associations, la consultation doit connaître son point d’orgue samedi, avec une dernière journée de vote.
Le public est appelé à répondre à une seule question: “Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes vous d’accord avec ce projet?”.
Plusieurs personnalités voteront samedi: Martine Aubry (PS) à Lille, Marie-George Buffet (PCF) en Seine-Saint-Denis, ou Bernard Thibault (CGT) à Draveil (Essonne). Olivier Besancenot (NPA) tiendra, lui, un bureau de vote devant La Poste de Château Rouge (Paris, 18e).
Au-delà du résultat, connu lundi, dont l’issue ne fait aucun doute, les organisateurs insistent sur l’importance de la mobilisation, qui doit permettre de demander au gouvernement un véritable référendum.
“L’intérêt n’est pas le résultat. Les gens qui viennent voter, ils ont une démarche volontaire, motivée, la plupart du temps pour marquer leur opposition à la privatisation”, reconnaît Régis Blanchot (Sud-PTT).
Alors que le comité tablait sur 2.000 points de vote, le chiffre a augmenté au fil de la semaine. Selon Razzi Hammadi (PS), “il y aujourd’hui 6.000 points de votation. Si nous avions à l’origine un objectif d’un million de participations, aujourd’hui l’objectif est de savoir de combien le million va être dépassé”.
“On ne sait pas combien il y a de lieux de vote, on n’arrête pas d’en rentrer à tour de bras” sur le site internet (www.appelpourlaposte.rezisti.org), a ajouté Nicolas Galépidès (Sud-PTT).
Prudent, M. Blanchot table sur 4.000 points, énumérant “les urnes installées dans les mairies PS, PCF, Verts, etc., devant les bureaux de poste et sur les marchés”.
Mais, selon lui, “la population s’est emparée du sujet, on ne maîtrise plus”. Ainsi, une dame a organisé elle-même dans son immeuble une votation, appelant ensuite le comité pour savoir que faire des bulletins. A Vitry, un bande de copains a fait la sortie des supermarchés avec une urne.
Des votations ont également eu lieu dans des gares, musées ou hôpitaux jusqu’à la cantine de la Banque de France.
Mais les organisateurs reconnaissent volontiers un écueil important: si chaque votant émarge, impossible de vérifier s’il n’a pas déjà voté ailleurs.
Des membres du gouvernement ont aussi dénoncé, à l’instar d’Eric Woerth (Budget), une question “caricaturale”, car la réforme ne vise pas à privatiser La Poste, mais à la transformer en société anonyme (SA) à capitaux publics.
Avec une “question posée par M. Besancenot” et “les socialistes qui sont chargés de dépouiller, j’émets de sérieux doutes sur la crédibilité et la légitimité du scrutin”, a dit vendredi Christian Estrosi (Industrie) sur RTL.
Des préfets ont aussi assigné en référé devant les tribunaux administratifs les maires de communes ayant organisé une consultation, comme en Gironde.
En Isère, où le préfet avait demandé l’annulation des consultations, le tribunal administratif de Grenoble les a finalement autorisées, estimant qu’elles n’avaient pas valeur de “référendum local” comme le reprochait la préfecture.