à Tourcoing. (Photo : Philippe Huguen) |
[02/10/2009 18:41:16] PARIS (AFP) La “votation citoyenne” sur l’avenir de la Poste, organisée par une soixantaine d’organisations et qui s’achève samedi, devrait donner une idée de l’opposition au projet gouvernemental de transformation de l’entreprise en société par actions, même si elle n’a pas de valeur juridique.
Lancée le 28 septembre dans toute la France par le Comité national contre la privatisation de la Poste (CNCPP), qui regroupe 62 partis de gauche, syndicats, et associations, la consultation doit connaître son point d’orgue samedi, avec une dernière journée de vote.
Le public est appelé à répondre à une seule question: “Le gouvernement veut changer le statut de La Poste pour la privatiser, êtes-vous d’accord avec ce projet?”.
Plusieurs personnalités voteront samedi: Martine Aubry (PS) à Lille, Marie-George Buffet (PCF) en Seine-Saint-Denis, ou Bernard Thibault (CGT) à Draveil (Essonne). Olivier Besancenot (NPA) tiendra un bureau de vote devant La Poste de Château Rouge (Paris XVIIIe).
Au-delà du résultat, connu lundi et dont l’issue ne fait aucun doute, les organisateurs insistent sur l’importance de la mobilisation, qui doit permettre de demander au gouvernement un véritable référendum.
“L’intérêt n’est pas le résultat. Les gens qui viennent voter, ils ont une démarche volontaire, motivée, la plupart du temps pour marquer leur opposition à la privatisation”, reconnaît Régis Blanchot (Sud-PTT).
Alors que le comité tablait sur 2.000 points de vote, le chiffre a augmenté au fil de la semaine pour atteindre 6.000 selon Razzi Hammadi (PS) : “Si nous avions à l’origine un objectif d’un million de participations, aujourd’hui l’objectif est de savoir de combien le million va être dépassé”.
“On ne sait pas combien il y a de lieux de vote, on n’arrête pas d’en rentrer à tour de bras” sur le site internet (www.appelpourlaposte.rezisti.org), a ajouté Nicolas Galépidès (Sud-PTT).
Prudent, M. Blanchot table sur 4.000 points, énumérant “les urnes installées dans les mairies PS, PCF, Verts, etc., devant les bureaux de poste et sur les marchés”.
Mais, selon lui, “la population s’est emparée du sujet, on ne maîtrise plus”. Ainsi, une dame a organisé elle-même dans son immeuble une votation, appelant ensuite le comité pour savoir que faire des bulletins. A Vitry, un bande de copains a fait la sortie des supermarchés avec une urne.
Des votations ont également eu lieu dans des gares, musées ou hôpitaux jusqu’à la cantine de la Banque de France.
Les organisateurs reconnaissent volontiers un écueil important : si chaque votant émarge, impossible de vérifier s’il n’a pas déjà voté ailleurs.
Des membres du gouvernement ont aussi dénoncé, comme Eric Woerth (Budget), une question “caricaturale”, car la réforme ne privatise pas La Poste, mais la transforme en société anonyme (SA) à capitaux publics.
Avec une “question posée par M. Besancenot” et “les socialistes qui sont chargés de dépouiller, j’émets de sérieux doutes sur la crédibilité et la légitimité du scrutin”, a ironisé Christian Estrosi (Industrie) sur RTL.
En Gironde, cinq communes se sont vues de facto interdire l’organisation du scrutin suite à une assignation du préfet devant le tribunal administratif de Bordeaux. “Nous passerons outre mais sans utiliser les moyens et le personnel de la commune, avec des élus bénévoles et des urnes en carton”, a précisé à l’AFP le maire PS de Saint-Caprais, Philippe Plisson.
En Isère, où le préfet avait aussi demandé l’annulation des consultations, le tribunal administratif de Grenoble les a finalement autorisées, sauf dans un cas à Crolles.