[04/10/2009 19:51:43] PARIS (AFP)
à l’animation d’un point de vote devant le bureau de poste de son domicile, le 3 octobre 2009 à Paris (Photo : Joël Saget) |
Le succès de la votation citoyenne sur le changement de statut de va compliquer quelque peu la tâche du gouvernement, en renforçant politiquement les opposants à ce projet de loi même si cette consultation n’a aucune valeur juridique.
Dès dimanche, le comité d’organisation de cette consultation “contre la privatisation de La Poste, pour un débat public et un référendum sur le service public postal”, qui regroupe une soixantaine d’organisations, partis, syndicats et associations de gauche, a donné de la voix.
“Après cet exercice de démocratie participative et cet engouement, on va évidemment demander le gel du projet et l’ouverture d’un grand débat public”, a prévenu le porte-parole, Nicolas Galepides, fort des plus de 2 millions de votes recensés dimanche dans 90 départements.
Le projet de loi du gouvernement prévoit la transformation du de La Poste en société anonyme à capitaux publics en 2010 avant l’ouverture totale à la concurrence du secteur postal en 2011 dans l’UE. Ses détracteurs y voient un prélude à une privatisation.
“On ne peut pas laisser retomber le soufflé. On ne va pas se contenter de demander un rendez-vous au président de la République”, a insisté M. Galepides.
Au nom du PS, Razzy Hammadi a demandé le gel du projet et un référendum sur le sujet. “Le gouvernement ne peut fuir le débat”, a-t-il estimé, “la droite doit cesser de se défiler”.
à Tourcoing. (Photo : Philippe Huguen) |
Dans l’esprit de tous, comité d’organisation et gouvernement, le résultat de cette votation, qui sera communiqué lundi en milieu de journée, ne faisait guère de doute en faveur d’un non massif à une privatisation de La Poste. La question posée associait changement de statut et privatisation.
“Les Français ne veulent pas d’une privatisation. Ca tombe bien, je propose un texte qui répond à leur préoccupation en disant précisément qu’il n’y en aura pas. On est tous d’accord, c’est formidable !”, s’est félicité, auprès de l’AFP, le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi.
Dans l’entourage du Premier ministre François Fillon, on notait de la même façon qu’il n’était pas question de privatisation.
Mais alors que le gouvernement justifie ce changement de statut par l’ouverture à la concurrence, le président PS de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Didier Migaud, s’est inscrit en faux contre cet argument. “Personne n’imposait quelque changement de statut que ce soit à La Poste (…). Son statut actuel lui permet de s’inscrire dans la concurrence”, a-t-il affirmé dimanche.
Membre du comité d’organisation, le mouvement alter mondialiste Attac a également demandé le gel du projet et l’organisation d’un referendum.
à la mairie de Toulouse dans le cadre de la “votation citoyenne” sur l’avenir de La Poste. (Photo : Remy Gabalda) |
Au regard des déclarations du porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre, qui dénonce une “vaste manipulation organisée par des associations ou partis de gauche qui veulent faire croire à un projet de privatisation de La Poste”, un gel du projet n’était pas d’actualité dimanche pour le gouvernement.
Pas plus que l’organisation d’un référendum: “on voudrait à partir de cette question truquée faire un référendum! De qui se moque-t-on?”, a répliqué M. Lefebvre.
S’agissant d’un référendum d’initiative populaire prévu dans la Constitution depuis juillet 2008, il est impossible à organiser, faute de texte d’application, en l’espèce une loi organique.
D’ores et déjà, le PS a promis d’inscrire le 15 octobre dans sa niche parlementaire (séance dont l’ordre du jour est fixé par un groupe) une proposition de loi visant à remédier à cette situation.