Le déficit historique de la France inquiète l’UMP et ses alliés

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à l’Assemblée nationale à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

[04/10/2009 09:59:20] PARIS (AFP) Alors que la France s’installe durablement dans le déficit avec un trou historique de “140 milliards d’euros” dans ses caisses, plusieurs voix de la majorité s’alarment au point que le numéro un de l’UMP Xavier Bertrand a dû les appeler à “garder leur sang-froid”.

Il n’y aura “jamais de grand soir de la dépense” pour faire baisser le déficit public (8,5% du PIB), s’est résigné le ministre du Budget, Eric Woerth.

Pire, le déficit sera “probablement le même en 2010”, selon Bercy qui prévoit au mieux de le ramener à 5% en 2013 -bien au-delà de la limite des 3% fixée par Bruxelles- si la croissance est au rendez-vous.

“Tout homme sensé ne peut que s’inquiéter de ce déficit abyssal, et qui plus est durablement insoutenable” même dans un contexte de reprise modérée, prévient Charles de Courson, député du Nouveau Centre. Cette formation, partenaire de l’UMP, avait milité sans succès lors du débat sur la révision constitutionnelle pour que soit gravée dans le marbre de la Constitution “l’interdiction de déficits en fonctionnement”.

Fer de lance de l’orthodoxie budgétaire, M. de Courson appelle la représentation nationale “à faire sa grande révolution culturelle en matière budgétaire”, à l’occasion de l’examen du budget 2010. “On est dans la majorité et on est là pour aider le gouvernement à aller plus loin”, dit-il à l’AFP.

Première cible de la purge: les niches fiscales. Le vice-président de la Commission des finances à l’Assemblée préconise un coup de rabot sur chacune des 469 existantes pour économiser 3,5 milliards.

Selon les calculs du député de la Marne, le retrait de la CGS et de la CRDS du bouclier fiscal, et des réductions drastiques des exonérations de charges patronales sur les très grandes entreprises généreraient 3 milliards supplémentaires. “On donne de l’argent à Total qui gagne 17 milliards après impôt, c’est insensé!. Quant aux retraites chapeaux ça va bien! Si les gens les plus fortunés sont moins imposés que les classes moyennes, c’est indéfendable!”, s’indigne M. de Courson.

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érard Larcher, Carla Bruni, Nicolas Sarkozy et François Fillon le 22 juin 2009 à Versailles (Photo : Gerard Cerles)

Le président du Sénat, Gérard Larcher, lui, veut “impérativement fixer une échéance” de retour à l’équilibre “une fois passé le souffle de la crise”.

La récession “a légitimé les déficits, elle ne doit pas les banaliser”, avertit l’ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui veut aller plus loin en fixant, dès 2010, l’objectif ambitieux de diviser le déficit “par deux” à l’horizon 2012.

Fidèle à son credo libéral, M. Raffarin veut croire aux vertus de la RGPP (réforme des politiques publiques, ndlr) et de la simplification du mille-feuille territorial pour réduire la dépense publique et exclut tout prélèvement supplémentaire… sauf pour les retraites chapeaux.

Le président centriste de la commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis, réclame lui la suppression du bouclier fiscal, “un instrument qui fonctionne quand nous pouvons baisser les impôts mais qui nous revient comme un boomerang quand il faut redresser les comptes”.

Quant à la taxe carbone, sujet de frictions dans la majorité, M. Arthuis craint qu’elle ne soit “une pluie de nouvelles niches fiscales”.

A la veille d’un débat budgétaire qui s’annonce âpre, Xavier Bertrand a appelé la majorité à “garder son sang-froid”, face à “l’effet de crise” en France mais aussi chez les voisins européens.

Et pour rassurer ses troupes, il rappelle “trois rendez-vous”: “le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux”, “les retraites en 2010”, et la réforme territoriale.