Tourisme – Méditerranée : Le meli-mélo de 2009

Par : Tallel

Résultats 2009

Si l’on additionnait toutes les déclarations officielles parues dans toutes les
langues de la Babel méditerranéenne, à la fin de l’été, l’année touristique 2009
serait celle du siècle !

Pour la première fois, dans la plupart des marchés, les voyages domestiques sont
appelés à la rescousse des arrivées internationales, pour conforter les
résultats en nombre de touristes reçus, ici une légère baisse, là une
stagnation, rarement une augmentation. C’est une bonne idée, sauf qu’il faudrait
reconstituer les bases de données de l’OMT avec ce tourisme domestique, pour
rendre les chiffres 2009 comparables aux résultats des années précédentes. Sauf
également, que le tourisme domestique privilégie depuis toujours le logement
dans la famille ou chez des amis, perte d’hébergement marchand qui s’ajoute à la
baisse de la durée des séjours internationaux pour provoquer une diminution de
10 à 20% du nombre de nuitées internationales en Méditerranée du nord, quoi
qu’on en dise, et une forte baisse du chiffre d’affaires qui y est associé.

Il faut en réalité constater qu’au-delà de la crise économique et sociale,
l’Euro surévalué aura découragé au cours de cette année les Américains de
traverser l’Atlantique, et les Britanniques de traverser la Manche, comme il
aura conduit les touristes de la zone Euro à séjourner en dehors de celle-ci. La
plupart des marchés méditerranéens à l’est et au sud méditerranéen, ainsi que de
nouveaux entrants dans les Balkans en sont les grands gagnants et seront les
seuls à enregistrer de la croissance en 2009. Les quatre marchés de la mer noire
enregistreront pour leur part une hausse historique de leurs arrivées
touristiques internationales et de leurs recettes, entrant maintenant en pleine
concurrence avec la Méditerranée voisine.

Production

Comme c’était prévisible, les opérations de recapitalisation, changement
d’actionnaires, rapprochements et consolidations sont en marche chez les plus
grands tour-opérateurs mondiaux (qui sont européens). Des investissements
massifs y sont attendus notamment dans les réseaux électroniques qui s’imposent
encore un peu plus en cette année de crise, poussés par l’évolution technique du
web. La vente de dernière minute s’est considérablement développée en 2009, à
l’initiative de la production (TO) et non pas à celle des hébergeurs comme on
l’écrit trop souvent, car l’engagement sur des allotements de chambres trop
importants ont entrainés des mesures de «déstockage» d’urgence qui se sont mises
en place dès cet été et continuent en Q4. Elles entraînent de lourdes pertes et
quelquefois le redressement judiciaire pour les TO les plus fragiles et les plus
petits.

Distribution

Le rôle de l’agent de voyages en Méditerranée évolue parallèlement à
l’utilisation de l’internet, qui n’est aujourd’hui plus considéré comme un
concurrent, mais bien comme un outil à son service. Le métier évolue, à la fois
sous la pression de la Directive des Services Révisés de l’U.E. qui doit être
transposée dans les 27 pays de l’U.E. avant la fin de cette année, mais aussi
par un regroupement en réseaux intégrés ou en réseaux volontaires. Ceux-ci
densifient les points de distribution, rationalisent l’information et le
management quotidien, mutualisent les risques en ces temps de crise. La brochure
papier perd de son importance au profit de l’électronique.

Transports

Au cours de cette année difficile pour le transport aérien, la crise a touché
fortement et indifféremment les vols longs courriers et moyens courriers, que
ceux-ci soient opérés par une compagnie classique ou Low Cost. Ces derniers ont
été les plus inventifs, faisant payer un prix plancher très attractif pour le
transport, mais facturant tous les suppléments, y compris les bagages. Cette
formule a été promue par les croisiéristes (des embarquements à 20€ jour ont été
proposés en 2009), tarifs compensés par des services payants offerts à bord dans
des paquebots de plus en plus imposants. L’année 2009 est un bon cru pour les
croisières en Méditerranée et un très mauvais pour l’aérien.

Hébergement

L’hébergeur se retrouve au centre de l’économie du tourisme méditerranéen en
2009. C’est à lui de porter l’authenticité d’une destination de plus en plus
exigée par les clients. La diminution des engagements des TO par des allotements
moins nombreux en 2010, obligera l’hébergeur, à mettre progressivement en ligne
toutes ses chambres, jusqu’à la dernière disponible, ce qui engendrera dès
l’année prochaine une forte demande de formations et d’équipements, surtout sur
les rives sud et est méditerranéennes : yield tarifaire, PMS, sites web2, accès
mondial aux sites hôteliers en e-tourisme et m-tourisme, vidéo, présentation de
la région, etc.

Conjoncture

La reprise économique est réelle dans la zone Euro, mais le nombre de demandeurs
d’emplois ne faiblit pas. La crise sociale s’amplifie encore en cette fin
d’année et sa décrue n’est attendue que pour le milieu 2010 ce qui n’est pas de
bonne augure pour le tourisme de loisirs. Le tourisme d’affaires devrait se
redresser rapidement.

*président Fondateur de META