L’Allemagne voit des inconvénients à l’augmentation des ressources du FMI

[06/10/2009 16:28:41] ISTANBUL (AFP)

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ésident de la Banque centrale allemande Axel Weber, le 24 juin 2009 à Berlin (Photo : Axel Schmidt)

L’Allemagne a indiqué lors de l’assemblée annuelle du Fonds monétaire international à Istanbul voir des inconvénients à l’augmentation des ressources de l’institution, évoquant la possibilité qu’elles confortent l’idée que tout pays peut être sauvé par une aide du Fonds.

“Nous ne sommes pas convaincus que le FMI doive prendre à sa charge une fonction d’assurance généralisée pour les obligations financières du secteur public”, a expliqué le pays, dans un discours écrit par le président de la banque centrale Axel Weber, et prononcé par un représentant allemand au FMI.

“Cela risque de provoquer les mauvaises incitations à la fois pour les emprunteurs et les investisseurs”, a ajouté Berlin.

Les Etats membres du FMI ont promis d’augmenter ses ressources de plus de 500 milliards de dollars, effort auquel l’Union européenne veut participer à hauteur de 125 milliards d’euros. L’Allemagne a pour sa part prêté à ce jour 15 milliards d’euros à l’institution.

La position allemande vient radicalement contredire l’ambition du directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn de faire du Fonds un “prêteur en dernier ressort” aux pays en difficulté.

M. Weber s’est d’ailleurs prononcé contre une pérennisation des ressources qui permettraient d’atteindre un tel objectif.

“Cette hausse doit être considérée comme une mesure provisoire, prise en réaction face aux développements extraordinaires dans l’économie mondiale”, a-t-il expliqué.

“L’accroissement des protections fournies par le Fonds ne doivent pas aboutir à ce que cette institution soit tentée de rechercher des activités au-delà de sa mission monétaire originale”, selon le président de la Bundesbank.

“Les propositions d’étendre les activités de prêt du Fonds pour inclure un soutien budgétaire direct soulèvent des questions pour savoir si cela est conforme au mandat du FMI et si les Etats membres pourraient, dans ce cas, toujours considérer les ressources du Fonds comme des réserves en devises”, a indiqué l’Allemagne.

Berlin a prévenu que “des questions d’aléa moral découl(aient) aussi de la vaste augmentation des ressources du Fonds qui est en cours”. L’aléa moral signifie qu’un acteur économique est amené à moins prêter attention aux risques qu’il prend, porté par la conviction qu’il pourra être sauvé par un intervenant extérieur.

“Par conséquent, de la même manière qu’une reprise durable va amener à retirer un soutien public exceptionnel, le Fonds devrait en fin de compte préparer la sortie après ses ressources exceptionnelles”, estime l’Allemagne.

M. Weber a enfin appelé le FMI, qui a distribué en août et septembre 283 milliards de dollars à ses 186 Etats membres sous forme de Droits de tirage spéciaux (DTS, la monnaie du FMI) servant de réserves en devise, à reconsidérer cette mesure.

“La liquidité créée par les allocations généreuses de DTS devra être réexaminée une fois que le système financier mondial se sera pleinement rétabli”, selon l’Allemagne.