Telefonica veut le brésilien GVT et couper l’herbe sous le pied de Vivendi

photo_1254924622010-1-1.jpg
éléphone mobile avec le logo Telefonica (Photo : Odd Andersen)

[07/10/2009 16:13:47] MADRID (AFP) Le géant espagnol des télécoms Telefonica, très bien implanté au Brésil, a annoncé mercredi une OPA de 2,5 milliards d’euros sur le brésilien GVT, plus alléchante que celle annoncée il y a tout juste un mois par le français Vivendi sur cet opérateur en expansion.

Il s’agissait de la grosse opération d’acquisition de Vivendi en 2009, mais Telefonica a décidé de contrecarrer ces projets.

La filiale brésilienne de Telefonica, Telesp, “a approuvé la présentation d’une offre publique pour l’achat de la totalité des actions de la société brésilienne GVT, à un prix de 48 reals par action, en cash”, selon un communiqué transmis mercredi à l’autorité espagnole des marchés (CNMV).

Cela représente 6 reals de plus que le prix annoncé il y a à peine un mois par Vivendi (42 reals), et valorise GVT, un opérateur en pleine expansion, à environ 2,5 milliards d’euros, contre 2 milliards d’euros pour l’offre de Vivendi.

“Telefonica renforcerait sa position au Brésil et empêcherait Vivendi de prendre pied dans un pays dont il avait dit vouloir se servir comme plate-forme de développement en Amérique latine”, a déclaré à l’AFP l’analyste de Fortis Luis Padron.

Le Brésil, pays émergent à forte croissance, est un eldorado pour de nombreuses entreprises espagnoles comme Telefonica, le groupe bancaire Santander (qui vient d’ouvrir une partie du capital de sa filiale dans le pays pour s’étendre), ou le pétrolier Repsol qui enchaîne les découvertes d’hydrocarbures en eaux profondes aux larges des côtes.

GVT semble attrayant pour les deux groupes. C’est “une compagnie qui fournit des services de télécommunications (…), qui a remporté un grand succès dans la captation de clients de haute technologie avec produits innovants, compléments stratégiques de l’activité de Telesp”, selon le communiqué de l’espagnol.

GVT a connu ces trois dernières années “des taux de croissance annuels de 31,1% de chiffre d?affaires et de 40,2% de l?Ebitda (résultat brut d’exploitation) ajusté”, avait dit Vivendi au moment de l’annonce de son projet d’OPA, qui était soumis à la condition que le conseil d’administration de GVT recommande l’offre.

Le projet “s?inscrit pleinement dans notre stratégie de développement dans des pays à forte croissance”, avait déclaré le président du directoire de Vivendi, Jean-Bernard Lévy.

Telefonica, très présent en Amérique latine, revendique 62,5 millions de clients au Brésil et 85.000 employés. Il y possède Telesp et contrôle l’opérateur Vivo avec le portugais Portugal Telecom (PT).

L’Espagnol a tenté à plusieurs reprises de prendre le contrôle total de Vivo, mais n’a jamais pu convaincre PT.

Telefonica a été aussi intéressé par TIM Brazil, la filiale brésilienne de Telecom Italia, dont il détient indirectement environ 10%.

Vivendi n’a fait aucun commentaire mercredi sur ce coup de Jarnac.

“Historiquement, Vivendi a su dire non à certains deals, je ne suis pas certain qu’il se lance dans une guerre des prix”, a déclaré à l’AFP un analyste parisien, ayant requis l’anonymat, tandis que Deutsche Bank estimait “peu probable” que Vivendi se lance dans une guerre des prix.

A la Bourse de Paris, Vivendi a clôturé en baisse de 0,65%, à 20,82 euros, dans un marché en recul de 0,37%, tandis que le titre Telefonica a perdu 1,60% à 19,03 euros dans un marché en baisse de 0,81%.