Un symposium et trois panels pour plaider la cause de l’innovation
entrepreneuriale, c’est celui organisé jeudi 1er octobre 2009 par le Centre des
jeunes dirigeants (CJD), en présence d’invités de qualité, tels Sid Ahmed
Ghozali (ex Premier ministre algérien), Ibrahim Hafedh (président de l’UME) ou
encore Chekib Nouira (président de l’IACE).
Le symposium visait à mettre les premiers jalons d’un entreprenariat trans-maghrébin
qui s’imbibera de la culture de l’innovation et pas seulement au sein de
l’entreprise, mais également dans la société et les systèmes de gouvernance.
La compétitivité de l’économie dépendait auparavant de la terre, des ressources
humaines et du capital, les temps ont changé et, aujourd’hui, le savoir et la
maîtrise des hautes technologies sont devenus des facteurs déterminants des
performances économiques des pays. Entre autres autoroutes, le Maghreb devrait
sérieusement se pencher sur celle du savoir et du transfert technologique, d’où
la recommandation faite par les JD de mettre en place un think tank maghrébin
qui développe la réflexion sur les grandes problématiques de la région et mette
en place des stratégies communes pour se positionner sur la carte géoéconomique
mondiale et développer les échanges des informations par le transfert de la
connaissance.
L’appel est également lancé pour s’investir et investir plus dans les capacités
de production des économies.
La fermeture de frontières, abordée par les participants au symposium et
considérée comme un frein au développement des échanges entre les pays
maghrébins, est devenue quelque peut ridicule de nos jours. Car lorsque l’on
peut communiquer par le son et l’image, conclure des affaires, monter des
projets, développer de partenariat sans sortir de son bureau et sans avoir à
subir des humiliations dans les postes de police frontière, à quoi bon le faire?
A-t-on besoins d’une présence physique lorsque l’on peut communiquer via
satellite, envers et contre tous ?
La mobilité physique est certes souhaitée comme l’a souligné Slim Othmani, PDG
de NCA Rouiba en Algérie, mais elle ne peut plus freiner la volonté de se lancer
dans des projets communs, affirment les jeunes dirigeants. “Aujourd’hui, avec
les moyens de télécommunications qui existent, il est devenu difficile de
stopper des transactions commerciales entre opérateurs privés, les politiques le
savent, pourquoi dans ce cas continuer à jouer aux autruches?”, a tenu à
déclarer un jeune dirigeant.
Sous l’effet d’une crise économique sans précédent, on accorde autant
d’importance aux politiques économiques sur le plan national qu’à l’échelle
internationale. La nécessité de s’intégrer dans l’environnement maghrébin est
donc nécessaire et dans une optique de développement durable, précisent les
jeunes dirigeants déterminés à unir leurs projets et se lancer dans des
partenariats économiques.
Des expériences qui ont réussi, il y en a, en témoigne Chekib Nouira dont la
marque Dixit trouve un franc succès en Algérie. Des projets fédérateurs, il en
existe beaucoup, le film documentaire, projeté au démarrage du symposium, le
montre assez bien. Il raconte une région unie par son histoire, sa géographie et
sa culture, prédisposée par conséquent à une union autrement plus importante,
celle, cela s’entend, des intérêts économiques. A condition d’une communication
plus efficiente entre différents modèles économiques dont la similarité n’est
pas une nécessité comme le mentionne Hassan Bertal d’Attijari Bank Tunisie.
«C’est à l’investisseur de s’adapter aux lois et aux réglementations des pays où
il s’implante et pas le contraire», estime-t-il.
Dans l’état actuel des choses où la Méditerranée n’est plus la plaque tournante
du commerce international, l’urgence d’une coordination des politiques
économiques maghrébines n’est plus à débattre. «La crise économique offre une
opportunité historique pour les relations intermaghrébines et le développement
de l’innovation et de la technologie au Maghreb à deux conditions : une
véritable zone de libre-échange intermaghrébine et un front commun vis-à-vis de
l’Union européenne», a déclaré Afif Chelbi, ministre de l’Industrie, à la
clôture du séminaire.
Rappelant à l’auditoire que la Tunisie investit de plus en plus dans l’économie
du savoir, de l’innovation et du développement technologique avec une industrie
qui a réussi le défi des enjeux quantitatifs passant de moins de 1 milliard
d’euros d’exportations en 1987 à 11 milliards d’euros en 2008. La stratégie de
l’industrie tunisienne à l’horizon 2016 prévoit le doublement de ses
exportations, ce qui revient à dire que la part des secteurs émergents de 20%
aujourd’hui atteigne les 50% en 2016.
«Un collègue européen me disait que vu la véritable angoisse qu’éprouve l’Europe
vis-à-vis de la question énergétique, le Maghreb pourrait obtenir toutes les
contreparties en matière de technologies et d’innovations s’il exerçait un
pouvoir de négociation en front uni», racontait Afif Chelbi.
Pareil argument suffira-t-il à convaincre les plus réticents d’un engagement
plus concret dans une communauté maghrébine ? Pour les jeunes dirigeants,
l’heure n’est plus aux discours mais aux faits, pour ce qui est du concret, ils
s’y sont engagés et ils réussiront leur Maghreb du possible.