érim dans la vitrine d’une agence de travail temporaire (Photo : Loic Venance) |
[08/10/2009 09:23:07] PARIS (AFP) Déposer son CV en agence d’intérim: avec la crise, ce geste banal pour de nombreux jeunes s’impose aussi aux candidats diplômés ou expérimentés, selon des témoignages recueillis lors des forums emploi du Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ) cette semaine à Paris.
Pendant trois jours, le CIDJ avait entièrement dédié ses locaux près de la Tour Eiffel à la recherche d’emploi, et ainsi vu défiler plus de 10.000 jeunes.
Pour la première fois cette année, une vingtaine d’agences d’intérim étaient invitées à tenir salon mardi, le CIDJ partant du principe que “l’intérim est rentré dans les moeurs comme vecteur d’insertion”, selon Antoine Cancellieri.
En France, 30% des postes d’intérimaires sont tenus par des moins de 25 ans, le phénomène n’a rien de nouveau, notamment pour les emplois d’ouvriers, de manoeuvres ou les jobs de dépannage.
Les agences exposantes sur le forum ont néanmoins été frappées par la qualité des parcours “assez cohérents et assez réfléchis” des jeunes déposant leur CV, selon Sandrine Szymanski (Derichebourg Intérim).
“Surprise” également, Nathalie Wallon (Force Intérim) ne pensait pas voir autant “de candidats surdiplômés, qui viennent de finir leurs études, des Bac+5 marketing pour lesquels on n’a pas énormément de demande. On place plus facilement des Bac+2 ou Bac+3”.
“Du fait de la crise, on a des candidats qu’on n’aurait peut-être pas rencontrés il y a un an et demi ou deux. On a vu des Bac+5 avec des stages relevant d’une première expérience mais nos entreprises clients sont très exigeantes et si on a une mission d’un mois à proposer, il nous faut quelqu’un d’opérationnel”, confiait une allée plus loin Odile Herbert (Plus Intérim).
Dans la queue devant le stand, Pierre, 19 ans, un Bac gestion en poche depuis juin, raconte que “dans toutes les entreprises, c’est saturé: il nous disent qu’ils recrutent pas, qu’ils licencient”.
Ses parents sont originaires d’Haïti, lui a grandi dans l’Essonne, a déjà travaillé comme assistant de gestion, et voudrait continuer sa formation en alternance mais “c’est dur, les entreprises prennent pas”.
Tarak, Parisien de 26 ans, tiré à quatre épingles, vient de terminer Polytech’Clermont. Il enchaîne les entretiens mais, dit-il, “les embauches sont gelées, ils disent qu’ils attendent jusqu’en janvier 2010”.
Il sait que “les entreprises n’embauchent plus à tour de bras comme l’an dernier” mais garde le moral et attend son tour pour voir si le conseiller de Space Interim n’aurait pas un poste d’ingénieur électrique.
“Ils sont spécialisés dans l’industrie et vous savez, quand on est jeune diplômé, l’expérience est primordiale et l’expérience en intérim c’est toujours intéressant”, dit-il. Finalement, la réponse tombe: “pas de demande pour le moment mais ça va repartir”.
Comparé aux années 80, selon un récent rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), pour les débutants, les contrats temporaires débouchent moins souvent sur un CDI et certains salariés sont durablement enfermés dans le chômage ou les emplois courts.
Yakouba, 30 ans, chauffeur de bus, a déjà un CV bien rempli, l’expérience d’un CDI chez Veolia et un job qui “marche bien mais en haute saison” puisqu’il conduit des bus panoramiques de tourisme dans la capitale.
L’intérim, dit le jeune homme, habitant aux Mureaux (Yvelines), “ça paye mieux et on est plus libre, mais je suis pas un adepte: je préfère être en CDI mais je veux une bonne boîte, comme la RATP mais là, ils recrutent pas, faut attendre 2010, passer les tests, etc.”.