Apple est attendu sur un marché des livres électroniques en effervescence

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à San Francisco (Photo : David Paul Morris)

[09/10/2009 06:28:52] WASHINGTON (AFP) Le débarquement d’Apple sur le marché en plein boum des livres électroniques est épié avec impatience par les spécialistes, alors même que le groupe californien n’a jamais confirmé ses projets et que ses concurrents présentent de nouveaux modèles à un rythme accéléré.

Cela fait des mois maintenant que les rumeurs enflent sur la prochaine sortie d’une tablette Apple dont les performances écraseraient celles des modèles actuellement disponibles.

A en croire certains blogs spécialisés, le fabricant des baladeurs iPod et des téléphones iPhone serait notamment prêt à mettre de la couleur là où les leaders du marché, Amazon et Sony, n’offrent que du noir et blanc.

Le patron d’Amazon, Jeff Bezos, avait prévenu en mai qu’il faudrait attendre “plusieurs années” pour voir une version couleurs de son livre électronique Kindle, les prototypes actuels étant trop décevants.

La monochromie n’empêche pas le marché d’être dynamique, du moins aux Etats-Unis: le cabinet de marketing Forrester Research table sur 3 millions de livres électroniques vendus cette année dans le pays, au lieu de 2 millions attendus jusqu’alors, avec 900.000 appareils vendus rien que pour les fêtes de fin d’année.

Le Kindle s’est taillé la part du lion de ce marché, avec 60% des ventes selon les analystes. Cette tablette, à la différence du e-Reader de Sony, second avec 35% du marché, permet de télécharger des titres de plusieurs centaines de pages sans fil et en à peine une minute.

Mais cette spécificité sera concurrencée dès ce mois-ci par un engin du Hollandais IREX Technologies, qui promet également des téléchargements sans fil.

Le numéro un des libraires américains, Barnes and Noble, s’est associé quant à lui au fabricant Plastic Logic pour sortir son propre support de lecture.

“Cela fait pas mal de temps que nous prédisons que ce Noël va être celui des livres électroniques”, a déclaré à l’AFP Neil Jones, fondateur et patron d’Interead, un autre fabricant espérant imposer son livre Cool-er.

“Notre plus grande difficulté dans ce secteur c’est de s’assurer qu’on ait des stocks suffisants pour tous ceux qui voudront acheter un livre électronique”, assure M. Jones, qui affirme que les ventes du Cool-er sont déjà trois à quatre fois supérieures à ce qu’il avait prévu.

Pour l’instant bien plus développé aux Etats-Unis qu’ailleurs, ce marché commence aussi à se développer sur d’autre continents.

Amazon a ainsi présenté cette semaine une version internationale de son Kindle, avec les mêmes capacités de téléchargement sans fil, dans une centaine de pays. Le principal obstacle à son succès pourrait être cependant son catalogue quasi-inexistant, pour le moment, de titres dans des langues autres que l’anglais.

Mais Amazon doit surtout s’inquiéter des projets d’Apple: l’analyste indépendant Rob Enderle se dit certain que le groupe à la pomme sortira son livre électronique avant l’été 2010, pour un prix de 450 à 700 dollars, bien au-delà des 260 dollars que coûte le Kindle classique.

Le “iPad” ou “iTablet”, comme l’ont surnommé les blogueurs, serait “un successeur à la fois du lecteur de DVD portable, du livre électronique et d’un appareil capable de surfer sur internet”, explique M. Enderle.

La principale difficulté technique repose sur le mode d’affichage sur écran: les tablettes de Sony et Amazon utilisent une “encre électronique” sans brillance pour minimiser la fatigue des yeux, et extrêmement économe en batterie (un chargement du Kindle dure plusieurs semaines si la fonction sans fil est désactivée).

Si Apple recourt aux cristaux liquides pour offrir la couleur, cela “mangera” beaucoup plus d’électricité, prévient M. Enderle.

Plus généralement, si Apple veut proposer le “couteau suisse” des appareils portables, “il court le risque non négligeable d’essayer d’offrir tout à tout le monde, et comme Microsoft de finir par offrir tout sans susciter d’intérêt”.