Mobiles : baisser la puissance des antennes coûterait de 3,6 à 7 milliards d’euros

[08/10/2009 14:17:42] PARIS (AFP)

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éléphonie mobile disposées sur le toit d’un immeuble (Photo : Jack Guez)

L’adaptation des antennes-relais pour abaisser les seuils d’exposition aux rayonnements électro-magnétiques, comme l’ont réclamé des associations lors du “Grenelle des ondes”, coûterait entre 3,6 et 7 milliards d’euros, selon une étude du cabinet Sia Conseil publiée jeudi.

“Le financement passera soit par l’Etat, soit par le couple consommateur- opérateur. Si l’Etat ne le prend pas en charge, c’est le client qui se verra facturer tout ou partie de ce coût”, a déclaré à l’AFP Stéphane Dubreuil, directeur télécoms de Sia Conseil.

D’après cette enquête, le consommateur pourrait ainsi voir sa facture téléphonique “augmenter de l’ordre de 9 à 17%”.

L’investissement pour les opérateurs mobiles serait de 3,6 milliards d’euros si les seuils devaient descendre à 0,6 volt par mètre dans la rue et de 7 milliards s’il fallait atteindre cette valeur à la sortie de l’antenne, estime le cabinet.

Par ailleurs, “les coûts opérationnels additionnels de maintenance et d’exploitation sont évalués entre 800 millions et 1,6 milliard d’euros par an”, ajoute-t-il.

Le cabinet précise que l’abaissement des seuils “exigerait a minima 3 à 7 ans de chantier” avec des risques de difficultés importantes (faisabilité technique, disponibilité des sites, obtention des autorisations, etc.).

Selon Sia, il entraînerait par ailleurs une “dégradation nette de la qualité du service rendu” (mails, internet mobile, etc.) dans certaines zones (intérieur des domiciles et bureaux), “la disparition de certains usages en mobilité”, affectant ainsi la compétitivité des entreprises, ainsi qu'”un accroissement des zones blanches (non couvertes, NDLR)”.

“Quels que soit les investissements que l’on fera, on ne pourra plus avoir la même qualité de service”, a affirmé M. Dubreuil.

Selon lui, une telle réglementation, associée aux contraintes actuelles, remettrait “en cause l’arrivée d’un quatrième opérateur”.

“C’est impossible qu’en deux ans, ce nouvel opérateur puisse couvrir 25% du territoire”, une obligation réglementaire, a-t-il expliqué.

“Si on abaisse les seuils, il faudra déployer deux à trois fois plus d’antennes pour la même couverture”, a ajouté M. Dubreuil, en évoquant “le paradoxe” d’une telle mesure.

Sia Conseil a précisé que son étude avait pour but d’exposer les “impacts technico-économiques” potentiellement induits par le Grenelle des Antennes, mais n’avait “aucune vocation à défendre une opinion scientifique ou une expertise médicale sur les dangers réels des ondes”.

Free, favori pour la quatrième licence de téléphonie mobile, Bouygues Télécom, Orange (France Télécom) et SFR se sont refusés à toute déclaration, renvoyant pour les deux derniers sur l’Afom, l’Association française des opérateurs mobiles.

Cette dernière a expliqué ne pas pouvoir commenter cette étude, ne l’ayant pas en sa possession. Elle a simplement rappelé que “le chiffre de 0,6 volt par mètre n'(était) recommandé par aucune autorité sanitaire au monde et n'(était) appliqué dans aucun pays”.

Sia, qui confirme ce fait, a précisé qu’il s’était basé sur ce seuil car “c’est celui réclamé par les associations” de riverains.