Prévention du stress au travail : le gouvernement va cibler bons et mauvais élèves

[09/10/2009 17:38:55] PARIS (AFP)

photo_1255084152144-5-1.jpg
à l’usine du Creusot (Photo : Jeff Pachoud)

Pour inciter les grandes entreprises à lutter contre le stress et la souffrance au travail, le gouvernement veut désigner à l’opinion publique les bons et mauvais élèves parmi elles, après notamment une série de suicides de salariés à France Télécom.

Le ministre du Travail Xavier Darcos a notamment enjoint vendredi aux 2.500 entreprises de plus de 1.000 salariés d’engager des négociations sur le stress au travail et de progresser dans ces discussions avant le 1er février 2010.

A cette date, il publiera sur Internet “la liste des entreprises qui ont négocié, celles qui n’ont pas négocié – s’il y en a, mais je leur déconseille- ainsi que les résultats de ces négociations et les bonnes pratiques” à mettre en place, a expliqué M. Darcos à l’issue d’une réunion du Conseil d’orientation des conditions de travail (COCT).

Interrogé sur d’éventuelles sanctions pour celles qui n’ouvriraient pas de négociations, M. Darcos a répondu: “La première sanction, c’est la transparence. Nous ferons un bilan en février et nous verrons à ce moment-là”, mais “rien n’est exclu”.

“Nous sommes sous la pression d’événements dramatiques récents”, a-t-il reconnu, en référence notamment aux 24 suicides qui ont endeuillé France Télécom et au suicide d’un salarié de Renault jeudi.

Le secteur public devra aussi prendre des mesures. Les ministères, mais aussi Pôle emploi, où les syndicats ont dénoncé la montée du stress, seront ainsi concernés.

Le principe de “publicité-transparence” est “un levier plus efficace que des sanctions financières, qui auraient incité les entreprises à agir vite, sans être forcément efficaces”, a-t-on précisé dans l’entourage du ministre.

“Vu la pression de l’opinion publique, la transparence est une bonne solution”, a déclaré M. Darcos, se disant “très étonné” par le nombreux courrier que le ministère reçoit à ce sujet.

“On voit que dans la plupart des drames, l’association des termes travail et souffrance est fréquente” et c’est “un très mauvais message envoyé aux jeunes générations”, a-t-il déploré. “Les entreprises qui font l’effort de s’occuper du bien-être de leurs salariés y retrouvent leur compte, en matière de performance et de réussite”.

M. Darcos entend ainsi accélérer l’application de l’accord interprofessionnel conclu entre patronat et syndicats en novembre 2008, et qui jusqu’à présent n’a pas été appliqué dans les entreprises.

Il laisse cependant plus de temps aux petites entreprises (PME et TPE). “Nous préférons commencer par leur donner des outils”, a-t-il indiqué, en leur fournissant notamment des documents d’information.

M. Darcos a aussi demandé que les risques psychosociaux soient pris en compte dans les entreprises subissant des restructurations.

FO a aussitôt proposé au Medef de signer un avenant à l’accord interprofessionnel, obligeant les branches professionnelles à négocier sur la question, “pour couvrir l’ensemble des entreprises”.

“Pour certains grands groupes, c’est évident que l’image est importante. Mais un grand groupe peut être très vertueux et en même temps mettre la pression sur ses sous-traitants”, a regretté Jean-François Naton (CGT).

“On aurait préféré que des objectifs soient fixés avec des sanctions”, a reconnu Pierre-Yves Montéleon (CFTC), rappelant que la loi oblige déjà les entreprises à rédiger un “document unique d’évaluation des risques”, intégrant les risques psychosociaux (stress, violence, etc), mais que “50% d’entre elles ne l’ont pas fait”.

“On est enfin sorti du déni. Cela fait très longtemps que l’on dit que le travail devient intenable”, a reconnu Jean-Louis Malys (CFDT).