Vente du tabac sur internet : le gouvernement exclut toute légalisation

[14/10/2009 17:10:33] PARIS (AFP)

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à Bordeaux. (Photo : Pierre Andrieu)

La vente des cigarettes sur internet ne sera pas légalisée, a assuré mercredi le gouvernement, même si ce phénomène prend toujours plus d’ampleur en France au grand dam des associations anti-tabac et des buralistes qui voient leur monopole s’effriter.

“La vente de tabac par internet n’est pas autorisée en France et il n’est pas envisagé de l’autoriser prochainement”, a affirmé le ministre du Budget Eric Woerth.

Il est “absolument hors de question, pour des raisons de santé publique, d’autoriser la vente du tabac sur internet dans notre pays”, a renchéri Nicolas Sarkozy en conseil des ministres.

Ces déclarations faisaient suite à un article des Echos qui évoquait une future autorisation en France de la vente de cigarettes sur internet dans le cadre de la transposition d’une directive européenne sur les droits d’accise (taxe indirecte) frappant le tabac et les alcools.

“Nous transposerons” la directive européenne, mais “pas sur la vente de tabac”, a précisé M. Woerth.

Il existe actuellement en France un monopole de la vente au détail des cigares et cigarettes, exercé par les débitants de tabac sous le contrôle de la direction des douanes.

A cause de ce monopole, tout site de vente basé en France est interdit.

Si le site est établi à l’étranger, “il faut qu’il respecte des obligations techniques, sanitaires et fiscales. En pratique, ce n’est quasiment jamais fait. Ces sites sont donc illégaux”, explique Jean-Roald L’Hermitte, directeur de la communication à la direction générale des douanes.

“L’importateur est passible d’une sanction fiscale, d’une amende d’une à deux fois la valeur de la marchandise. Il encourt aussi une peine de prison”, ajoute-t-il.

Pourtant, les sites internet consacrés à la vente de cigarettes (cigarette2smoke.com, achetercigarette.fr, tabac-online.eu…) se multiplient.

Et l’explosion des saisines par les services des douanes montrent l’ampleur du phénomène. 21 tonnes de cigarettes, dont l’essentiel provient de commandes sur internet, ont été saisies en 2008 contre 8 tonnes en 2007, selon la direction générale des douanes.

La hausse régulière des prix du tabac en France, qui pourrait encore augmenter prochainement, “a entraîné une prolifération des sites de vente qui engrangent d’énormes bénéfices en achetant à l’étranger et en revendant en France beaucoup moins cher que chez les commerçants”, souligne Yves Trevilly, porte-parole du fabricant British American Tobacco (BAT) en France.

“Ces cigarettes peuvent être très dangereuses; certaines ont été saisies et contenaient des morceaux de pneus ou de bandes magnétiques”, assure-t-il.

Les taxes sur les cigarettes rapportent 13 milliards à l’Etat et la contrebande sur internet représente pour lui un sérieux manque à gagner.

Ce commerce pose aussi des problèmes aux buralistes, dont la fédération n’a toutefois pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.

“La contrebande de cigarettes nous fait beaucoup de tort”, explique le propriétaire d’un tabac dans le centre de Paris sous le couvert de l’anonymat.

Pourtant, “nous sommes fermement opposés à toute légalisation. Nos ventes dégringolent avec les hausses régulières du tabac que le gouvernement nous impose, l’autorisation sur internet conduirait à la mort de nos commerces”, ajoute-t-il. Plus de 660 tabacs ont été fermés en 2008, selon le site internet de la profession.

Même son de cloche du côté des associations anti-tabac: la vente de cigarettes sur internet serait une “catastrophe en termes de santé publique”, estime ainsi le pneumologue Bertrand Dautzenberg, président de l’Office français de prévention du Tabagisme (OFT).