[15/10/2009 11:41:27] PARIS (AFP)
équence de l’utilisation d’internet par les Français à des fins personnelles selon l’âge. |
La généralisation d’internet a bouleversé les pratiques culturelles des Français et provoqué “la montée en puissance de la culture d’écran” au détriment des usages traditionnels, selon une grande enquête du ministère de la Culture rendue publique mercredi.
En 1997, 1% seulement des foyers avaient accès à internet, alors que plus de la moitié des Français l’utilisent aujourd’hui quotidiennent en dehors de leurs obligations professionnelles.
Un bouleversement qui a modifié en profondeur les conditions d’accès à la culture, sans faire pour autant chuter les sorties culturelles des Français, qui continuent à fréquenter en masse les cinémas, théâtres ou musées.
Si internet, les jeux vidéo, DVD, téléphones portables, ont investi massivement les foyers depuis dix ans, l’évolution s’est faite en revanche au détriment de pratiques domestiques traditionnelles comme la lecture.
C’est le principal enseignement de cette enquête sur “Les pratiques culturelles des Français à l’ère numérique” (1997-2008), qui souligne la persistance des différences entre les générations et les milieux sociaux.
Jusque dans les années 1990, les pratiques de l’écran se limitaient à la consommation de programmes télévisés. Aujourd’hui, les Français consacrent environ 10H par semaine aux écrans hors programmes télé, soit environ la moitié du temps qu’ils passent devant la télévision (21H).
Selon le sociologue Olivier Donnat qui a réalisé l’enquête, alors que l’écoute de la télévision était associée à un faible niveau de participation à la vie culturelle, la pratique d’internet concerne en revanche en premier lieu les plus jeunes et les plus diplômés.
Le rapport au numérique est loin d’être uniforme. Ainsi, les hommes consacrent en moyenne deux heures de moins que les femmes chaque semaine à la télévision, mais “quatre heures de plus devant les nouveaux écrans, surtout quand ils sont jeunes”, en raison de la place importante des jeux vidéo.
Les cadres supérieurs passent “globalement autant de temps devant les écrans que les ouvriers”, mais les pratiques peuvent être radicalement différentes et parfois que très marginalement “culturelles”.
La diffusion d’internet et des ordinateurs a également profondément transformé les pratiques culturelles en amateur, de la photographie, de la vidéo, mais aussi de la musique, l’écriture ou des arts graphiques.
L’enquête montre en revanche “une stabilité quasi-parfaite” de la fréquentation des équipements culturels depuis dix ans. Le temps passé devant les écrans n’a pas entamé le goût des Français pour le cinéma, les concerts, les expositions ou même le théâtre.
Le bouleversement lié du numérique ne fait pourtant que prolonger une évolution entamée depuis déjà plusieurs décennies. “La tendance générale est plutôt conforme à ce que l’on a observé dans les années 1980/90, à l’exception de la radio et de la télévision”, note Olivier Donnat.
Seules véritables ruptures : la durée d’écoute de la radio “qui a baissé de manière importante” et celle de la télévision qui marque le pas.
Ainsi, si la révolution numérique “a radicalement modifié les conditions d’accès” aux contenus culturels, elle n’a pas infléchi “les tendances d’évolution de la fin du siècle dernier”, conclut l’étude.
Cette 4è enquête du ministère de la Culture depuis 1973 a été réalisée auprès d’un échantillon de 5.000 personnes âgées de 15 ans et plus.