[15/10/2009 18:28:53] DAKAR (AFP)
à Conakry (Photo : Seyllou) |
Menacée par des sanctions internationales, la junte au pouvoir en Guinée vient de signer un accord de partenariat dans le secteur minier avec une société chinoise prévoyant des investissements de plus de 7 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros).
Ces investissements, parmi les plus importants jamais réalisés en Afrique, interviennent au moment où les militaires putschistes sont soumis à des pressions internationales croissantes pour quitter le pouvoir, surtout après le massacre de plus de 150 personnes le 28 septembre.
L’ultimatum de l’Union africaine (UA), qui demande à la junte de s’engager par écrit à ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle de janvier, expire samedi et des sanctions pourraient être prises contre les militaires putschistes.
C’est donc dans une atmosphère des plus délétères que le contrat a été signé samedi à Conakry avec la China International Fund (CIF) et la Sonangol (compagnie pétrolière angolaise).
“Il y aura des investissements dans des projets d’infrastructures dans le pays, cela varie entre 7 et 9 milliards de dollars sur les 5 prochaines années, cela dépendra de la taille des projets”, a indiqué jeudi à l’AFP le ministre guinéen des Mines Mahmoud Thiam, interrogé par téléphone depuis Dakar.
Selon lui, il y aura des “barrages hydroélectriques, autoroutes, chemins de fer, habitats sociaux, habitats à loyer modéré, production d’électricité, accroissement de la distribution d’eau dans le pays et bien entendu écoles, cliniques, hôpitaux, etc.”
Pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, la Guinée est le premier exportateur mondial de bauxite et détient plus de 40% des réserves mondiales de ce minerai servant à la fabrication de l’aluminium, ainsi que des gisements encore largement inexploitées de fer, or, uranium et pétrole.
De son côté, la Chine a un besoin urgent de matières premières pour alimenter une croissance économique exponentielle. En 2008, le commerce entre Pékin et le continent africain a établi un nouveau record, en dépassant les 100 milliards de dollars.
“En contrepartie (des infrastructures), il (le fonds chinois) devient notre partenaire stratégique dans un projet de développement minier qui doit débuter par la création d’une société nationale minière guinéenne” où “les parts de l’Etat dans tous les projets miniers seront logés”, a précisé le ministre.
“Les revenus dégagés par ces projets miniers serviront à payer les prêts (pour les infrastructures)”, a-t-il ajouté.
Cet accord “porte sur l’ensemble du secteur minier, il y aura des projets dans la bauxite, dans le fer, dans l’or dans les nouveaux métaux de base qu’on est en train de découvrir, dans le pétrole off-shore etc…”
Sonangol “est un partenaire stratégique de CIF en Angola, ils seront plus concentrés sur l’aspect prospection et exploitation pétrolières, a souligné M. Thiam.
Mais pourquoi signer maintenant en pleine crise?
“Cela fait cinq mois qu’on négocie, on a eu beaucoup de pressions de la part de nos partenaires pour signer car ils avaient déjà pris des engagements financiers (pour commencer la construction des infrastructures) sans avoir la protection d’un contrat”, a reconnu le ministre.
“Ils ont insisté pour qu’on signe vite. L’événement regrettable du 28 septembre (NDLR. la répression sanglante d’une manifestation pacifique de l’opposition, ayant fait plus de 150 morts, selon l’ONU) est venu se superposer sur une transaction qui était déjà en négociation”, selon lui.
De son côté, Pékin a défendu sa “coopération” avec la Guinée: elle est “basée sur l’égalité et le bénéfice mutuel”, selon Ma Zhaoxu, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.