échargés d’un bateau de pêche, le 25 mai 2006 à Barbata, en Espagne (Photo : Jose Luis Roca) |
[16/10/2009 13:21:40] BRUXELLES (AFP) Un projet de la Commission européenne de comptabiliser l’impact de la pêche de loisirs pour le déduire des quotas alloués aux pêcheurs professionnels, suscite la controverse en Europe, à quelques jours d’une réunion des ministres européens concernés à Luxembourg.
Dans une proposition de mise en place d’un “régime de contrôle afin d’assurer le respect des règles de la politique commune de la pêche”, Bruxelles envisage de tenir compte, quand il est significatif, de l’impact des prises faites par les pêcheurs du dimanche dans le calcul des quotas de pêche alloués aux pêcheurs professionnels.
Les prises faites depuis la côte, ou dans les lacs et les rivières, ne seraient néanmoins pas concernées, et il ne s’agirait que des espèces les plus menacées, à l’instar du cabillaud ou du thon rouge, indique-t-on à la Commission.
Le projet “est très controversé”, reconnaît un haut fonctionnaire européen.
Et pourtant, “il y a des cas où on va jusqu’à estimer que la pêche de loisirs a un plus grand impact que la pêche professionnelle” sur certains stocks de poissons, souligne un diplomate.
Selon une autre source diplomatique, une minorité de blocage s’est constituée parmi les gouvernements européens contre le paragraphe controversé.
Le Royaume-Uni, où le secteur de la pêche de loisirs (pêche au gros, sorties familiales de pêche à la ligne…) est particulièrement développé, est fermement opposé à l’idée. Les Espagnols aussi sont contre.
D’autres pays, comme la France, jugent également “absurde” d’introduire la pêche de loisirs dans les quotas mais sont favorables à des mesures d’encadrement pour limiter son impact, indique une source diplomatique.
Côté allemand, on s’interroge sur la façon dont seront estimées ou comptabilisées les prises des pêcheurs à la ligne. De fait, le texte prévoit que c’est aux Etats européens de trouver des moyens d’évaluer l’impact de la pêche de loisirs.
Le texte est soumis pour adoption lundi à une réunion des ministres de l’Agriculture et de la pêche des 27 à Luxembourg.
Il prévoit toute une série d’autres mesures destinées à éviter que les quotas de pêche annuels destinés à prévenir l’épuisement des stocks ne soient pas régulièrement dépassés dans les faits, comme c’est aujourd’hui le cas.
Bruxelles propose ainsi de généraliser les moyens de surveillance satellite, le recours aux caméras et l’obligation de faire des déclarations électroniques à bord des navires de pêche, et de rationaliser la gestion des différentes données relatives à la pêche.
A l’heure actuelle, le système repose largement sur la bonne foi des pêcheurs. Ils doivent eux-même déclarer leurs prises dans un livre de bord manuscrit. Et il est très difficile de croiser les différentes déclarations de prise, de transbordement, ou de vente à la criée.
Les négociations promettent aussi d’être vives sur l’introduction d’un “permis à point” pour les licences de pêche, qui peut conduire à des interdictions d’exercer en cas d’infractions répétées aux règles en vigueur.
Bruxelles prévoit aussi d’imposer des sanctions en cas de surpêche, en réduisant les quotas alloués aux différents Etats, avec des facteurs multiplicateurs en cas de récidive.
En tout état de cause, “les négociations pourraient durer une bonne partie de la soirée et de la nuit de lundi à mardi”, résume un diplomate.