éoducs de la compagnie pétrolière nigériane à Lagos détruits par le Mend, le 13 juillet 2009 (Photo : Pius Utomi Ekpei) |
[16/10/2009 17:03:33] LAGOS (AFP) Le Mouvement pour l’émancipation du delta du Niger (Mend), principal groupe armé du sud du Nigeria, a annoncé que le cessez-le-feu de 90 jours qu’il avait déclaré avait pris fin vendredi matin et qu’il allait reprendre ses attaques contre les installations pétrolières et l’armée.
Le Mend, qui pendant trois années s’est battu pour un meilleur partage des revenus pétroliers à destination des populations locales, a annoncé qu’il allait reprendre les armes après avoir refusé l’amnistie que lui a proposé le gouvernement.
Ses attaques ont réduit d’un tiers environ les exportations de pétrole de ce pays classé en 2006 au huitième rang des pays exportateurs.
Le Mend a annoncé dans un courriel qu’il allait reprendre “ses hostilités contre l’industrie pétrolière du Nigeria, les forces armées nigérianes et ses collaborateurs, avec effet à partir de 00H00, vendredi, 16 octobre 2009”.
Certains de ses partisans, qui avaient accepté l’offre d’amnistie du gouvernement, ont toutefois nié ces menaces. “De ce que nous savons, c’est infondée car nous ne savons pas d’où ca vient, alors que les personnages clés ont accepté l’amnistie présidentielle”, a affirmé à l’AFP le porte-parole d’un des anciens rebelles les plus importants, Gouvernement Ekpemupolo, connu sous le surnom de Tompolo.
“Le peuple devrait ignorer cette déclaration et commencer à agir afin de renforcer la paix et le développement dans la région du delta du Niger”, a ajouté le porte-parole.
Selon le gouvernement, de nombreux responsables du Mend ont rendu leurs armes dans le cadre de l’amnistie offerte par le président Umaru Yar Adua. Au total, quelques 8.000 rebelles issus de plusieurs groupes auraient acceptés de déposer les armes, un chiffre qui pourrait doubler, selon les autorités.
ésident nigérian Umaru Yar Adua (C) serre la main de Government Ekpemupolo alias Tompolo (G), chef du Mend, le 9 octobre 2009 à Abuja (Photo : Emmanuel Wole) |
Le Mend avait décrété une trêve en juillet dernier afin d’entamer des discussions avec le régime de Umaru Yar Adua. Un comité avait été mis en place, qui comptait le prix Nobel de littérature Wole Soyinka, afin d’entamer des négociations mais aucune réunion formelle ne semble avoir eu lieu.
Le Mend avait rejeté la proposition d’amnistie, la qualifiant de “mascarade” ne répondant pas aux vraies questions qui se posent à propos du sous-développement et de l’injustice dans cette région.
Un ancien responsable de l’ethnie Ijaw, présente dans le delta du Niger, Edwin Clark, qui a été ministre de l’information, a demandé aux rebelles de ne pas reprendre l’offensive. “Nous appelons le Mend à ne pas reprendre les hostilités. Ils devraient donner une chance à la paix”, a-t-il dit à l’AFP.
Les attaques du Mend et des groupes armés ont fortement entamés les exportations de pétrole du Nigeria, passées au cours des trois dernières années de 2,6 à 1,7 millions de barils par jour. Le Nigeria, qui tire 90% de ses revenus du pétrole, a d’ailleurs été rejoint par l’Angola comme premier exportateur de pétrole africain.
Des centaines de travailleurs pétroliers, dont des douzaines d’étrangers, ont été enlevés par le Mend et par d’autres groupes opérant dans la région du Delta. Des pipelines et des installations en mer ont été attaqués, ainsi que le port de Lagos. Il n’y a pas de bilan officiel ou indépendant des violences, mais des centaines de personnes, rebelles, militaires et civils ont été tués depuis 2006.