Fraude : le Luxembourg prêt à bloquer un accord de l’UE avec le Liechtenstein

photo_1255713377220-1-1.jpg
ésident de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker (C) avec le président de la BCE Jean-Claude Trichet (G) le 1er octobre 2009 à Göteborg (Suède) (Photo : Georges Gobet)

[16/10/2009 17:17:23] LUXEMBOURG (AFP) Le Luxembourg, l’un des derniers bastions du secret bancaire en Europe, s’apprête à bloquer mardi un projet d’accord de l’Union européenne avec le Liechtenstein pour coopérer contre la fraude fiscale, afin que la principauté leur garantisse un meilleur accès à ses informations.

Le Luxembourg “pourrait rejeter la proposition de la présidence suédoise” de l’UE sur ce sujet, qui sera discutée mardi par les ministres des Finances européens, a déclaré vendredi le Premier ministre et ministre du Trésor luxembourgeois Juncker, lors d’une conférence de presse.

La réunion de mardi “risque d’être difficile”, a-t-il ajouté.

Les 27 grands argentiers de l’Union européenne doivent se prononcer mardi sur ce projet d’accord qui, comme pour toutes les questions de fiscalité, requiert l’unanimité pour être adopté.

Ils doivent discuter par ailleurs d’un projet visant à donner un mandat à la Commission européenne pour négocier des accords de lutte contre la fraude fiscale avec Andorre, Monaco et Saint-Marin, ainsi qu’un nouvel accord de lutte contre la fraude avec la Suisse.

Mais le Luxembourg et l’Autriche, qui pratiquent le secret bancaire, et ne sont pas pour une avancée très rapide sur ces questions, ont réservé leur position sur ces textes. Ils arguent qu’ils devaient être discutés en même temps que l’ensemble des autres textes en préparation dans l’UE sur la fiscalité de l’épargne.

“Il n’est pas acceptable que pour conforter sa position dans un autre cénacle, le Luxembourg prenne en otage la discussion” sur le Liechtenstein, estime une source diplomatique européenne.

“Surtout quand l’accord avec le Liechtenstein doit servir d’exemple et que l’Europe veut donner des leçons au monde entier sur la lutte contre les paradis fiscaux”, ajoute-t-elle.

Cet accord doit permettre d’obtenir du Liechtenstein des engagements similaires à ceux qu’il a pris dans un accord ratifié en décembre avec les Etats-Unis, prévoyant une meilleure coopération sur les cas de fraude fiscale concernant des clients américains de banques du pays.

Depuis un scandale de fraude fiscale qui a éclaté début 2008 en Allemagne, le Liechtenstein est sous pression des Européens, qui multiplient leurs efforts pour s’attaquer à l’évasion fiscale.