Vous connaissez tous le ministre de l’Emploi. On ne va pas en rajouter une
couche ! Mais vous savez tous, même si vous n’êtes pas comme nous lecteurs
invétérés de biographies, que tout est question de personnes. On tourne, on
tourne et on y revient. Si vous avez la bonne personne à la bonne place au bon
moment, vous avez automatiquement les meilleurs résultats espérés.
Regardez notre pays, en deux décennies (et ce n’est pas beaucoup dans l’histoire
d’une nation), il est devenu méconnaissable sous l’effet des innombrables
réformes du président Ben Ali ! Là aussi, on ne va pas en rajouter !
Il nous reste cependant un dernier chagrin : l’emploi. Il est à deux chiffres
depuis trop longtemps et on a pratiquement tout essayé sans en briser le carcan.
Même si nous avons la consolation de constater qu’il n’a pas augmenté. Il a
d’ailleurs diminué de quelques dixièmes alors que les crises exogènes
successives n’ont pas cessé depuis des années (guerre du Golfe, prix des
hydrocarbures, crise financière, récession économique…). C’est beaucoup, c’est
une vraie performance et nous le devons évidemment au fait que l’emploi est la
priorité première du chef de l’Etat.
C’est là que l’on va vous reparler du ministre de l’Emploi. Il est membre du
gouvernement et il applique donc la politique du Président… Sans doute. Mais
chacun, quelle que soit la position qu’il occupe, la colore naturellement d’une
teinte personnelle. Et cela fait la différence entre nous tous et peut, sinon
changer les choses, du moins leur donner du tonus et du brio.
Ainsi, M. Slim Tlatli, qui n’est pas connu pour être particulièrement solennel,
donne tout de suite de la confiance ‘’psychologique’’ à ses interlocuteurs alors
que ce dossier de l’emploi, si complexe, appelle au plus grand sang-froid. C’est
que les entreprises passent, elles aussi, par des moments délicats et que leur
demander de s’investir encore plus pour l’effort national de l’emploi est plus
facile à dire qu’à faire. Même l’argument de recruter pour disposer d’un
meilleur encadrement et, par là, parvenir à une démarche plus qualitative semble
s’essouffler.
Alors que faire ? M. Tlatli semble avoir trouvé la combine. Après tous les
discours, les programmes, les encouragements… possibles et imaginables, il a
développé une approche personnelle (c’est le moins que l’on puisse dire) du
débat avec les entreprise. Ainsi, il passe souvent, nous sommes-nous laissés
dire, du mode automatique (programmes et outils institutionnels dirigés vers la
masse des entreprises) au mode ‘’manuel’’ !!
Et voici le contact au cas par cas (nous allions dire au corps à corps), bâton
de pèlerin en main. Il parle de vive voix à tous les patrons qui lui tombent
sous la main, va à leur rencontre, n’hésite devant aucun effort même s’il ne
s’agit que de ‘’case’’ un à la fois… Il a raison, les Tunisiens sont très
sensibles au contact direct, surtout avec les officiels de haut rang. Mais tout
cela sera-t-il vraiment suffisant pour sortir des deux chiffres ?