Enfin… la réforme des circuits de distribution des produits agricoles et de
pêche frais commence à gagner en visibilité. Pour transcender l’éternel effet
d’annonce qui a accompagné cette réforme, le Département du commerce a décidé de
passer à l’acte et de créer, à Jebel el Oust (banlieue ouest de Tunis), sur une
superficie totale de 70 hectares, une plateforme agroalimentaire.
Dans une première étape, un marché de produits agricoles frais et un autre de
viandes rouges seront créés sur une superficie de 48 hectares.
L’objectif est de mettre à niveau, dans une première étape, les circuits de
distribution des produits agricoles frais dans le Grand Tunis, d’améliorer le
rapport qualité/prix des produits, de les valoriser, d’en assurer la traçabilité
et de garantir la transparence des transactions.
Tout un programme pour contourner les effets pervers des surcoûts générés
artificiellement par des intermédiaires, souvent, sans foi ni loi, qui ont
tendance en plus à s’éterniser.
Est-il nécessaire de rappeler ici que pour dissuader la spéculation, les
ministres du Commerce se convertissent en période de consommation de pointe
comme celles de Ramadan et des fêtes, en ministres «des marchés de gros». C’est
pour dire que cette plateforme ne manque pas d’enjeux pour le développement du
secteur du commerce qui réalise actuellement 10% du PIB et fournit 10% des
emplois (330.000).
Néanmoins, empressons-nous de relever que cette plateforme ne vient pas se
substituer au marché de gros de Bir Kasssâa. La tendance est même de renforcer
ce marché tout autant que celui des produits de pêche à Sfax. Le coût du lifting
est estimé, respectivement, à 9 MDT et de 1 MDT.
La nouveauté de cette plateforme dont la création a été annoncée, lors du
conseil ministériel du 2 février 2007, consiste en la mise en place aux côtés de
locaux de conditionnement et d’approvisionnement, d’unités de transformation et
de conditionnement destinés à l’exportation.
Pour M. Ridha Mosbah, ministre du Commerce et de l’artisanat, il s’agit
essentiellement «de valoriser le produit national, d’ancrer de nouvelles
traditions en matière de distribution des produits agricoles, et partant,
d’accorder l’attention requise au calibrage, à l’emballage et à la qualité des
produits».
Par delà, cette profession de foi, nous estimons que l’essentiel est de mettre
en place des règles de concurrence saine et de dissuader l’infiltration de cette
nouvelle plateforme par les mêmes intermédiaires spéculateurs.
Cette plateforme, qui sera réalisée au moyen d’un investissement de 40 millions
de dinars dont 36% seront assurés par le privé, est une composante d’un
programme de mise à niveau du commerce de distribution.
La réforme, qui sera mise en œuvre durant la décennie (2007-2016), c’est-à-dire
durant les XI et XIIèmes plans, touchera quatre filières : légumes et fruits,
viande rouge, produits avicoles, produits de mer. Le coût de ce programme est
estimé à 183 MDT pour la période (2007-2011).
La réalisation de cette plateforme vient concrétiser les recommandations d’une
étude sur la mise à niveau des circuits de distribution des produits frais et de
leur transformation. Les résultats de cette étude ont été présentés, début
octobre, à la presse.
Pour revenir aux deux premières composantes de la plateforme : un marché de
produits agricoles et de pêche frais et congelés et un complexe de viande rouge
(CVR).
Ce complexe s’étendra sur 11 hectares, mobilisera un investissement de 16,5 MDT,
et aura à valoriser toutes les étapes de production de viandes (abattage,
découpe, semi-transformation, écoulement..).
Au programme, figure également, la création d’emplois spécialisés à travers la
création d’un abattoir pour bovins/ovins et un autre pour équidés (chevaux,
dromadaires…)..
