Grand emprunt : cibler les choix de la “nouvelle croissance” sans aggraver la dette

[20/10/2009 18:50:01] PARIS (AFP)

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à l’ENA (Photo : Fred Dufour)

L’UMP a présenté mardi ses propositions dans le cadre du “grand emprunt” voulu par Nicolas Sarkozy, en plaidant pour des choix ciblés et pour que ce nouvel emprunt finance la “nouvelle croissance”, sans aggraver les déficits.

Annoncé par Nicolas Sarkozy le 22 juin dernier, cet emprunt prévu pour début 2010 vise, parallèlement au plan de relance, à doper l’économie à plus long terme, en faisant financer par l’Etat des “investissements stratégiques” pour les “générations futures”.

“On ne doit pas se disperser”, a averti le ministre du Budget Eric Woerth lors de la convention sur le “grand emprunt” organisée par l’UMP, alors que la commission ad hoc présidée par Alain Juppé et Michel Rocard doit rendre sa copie avant le 1er novembre.

“Il faut faire des choix en fonction de la rentabilité” des investissements, a insisté M. Woerth.

Mais aucun des intervenants n’a risqué le moindre chiffre précis sur le montant, ni le secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand, ni M. Woerth, ni même Henri Guaino.

Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy s’est contenté de relever en marge de la réunion “qu’un grand emprunt, c’est grand par la taille parce que les enjeux sont grands.”

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ée le 15 juillet 2009 à Matignon à Paris (Photo : Eric Piermont)

Interrogé sur ce point épineux, M. Woerth est resté évasif : “je suis ministre du Budget et je me fixe une fourchette nécessairement adaptable à nos finances publiques”.

Mais à la question de savoir s’il penchait “plutôt” pour 30 milliards d’euros (hypothèse avancée par l’ex-Premier ministre Michel Rocard, ndlr) ou pour “100 milliards” (préconisés par certains proches du président, ndlr), le ministre a répondu : “plutôt du côté de chez Rocard.”

Quant à savoir si cet emprunt sera lancé auprès des institutions financières ou du public (ou bien les deux), Xavier Bertrand a botté en touche : “ce n’est pas l’objet du débat”. Henri Guaino a semblé quant à lui écarter le recours aux particuliers, en raison de son coût.

Cherchant à rassurer une majorité inquiète des risques d’aggravation de la dette par le nouvel emprunt français, M. Bertrand a averti qu’il n’était “pas question” d’utiliser les fonds du futur grand emprunt pour “aider” l’Etat à boucler ses “fins de mois”.

Ils “doivent être exclusivement investis dans des actifs rentables”, a-t-il insisté lui aussi.

“L’emprunt c’est une bonne piste une fois qu’on a examiné toutes les autres”, a nuancé le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé.

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écial de Nicolas Sarkozy, sur le perron de l’Elysée, en mars 2008 (Photo : Bertrand Guay)

Et il faudra “veiller à ce que la voilure de l’emprunt ne soit pas trop large” avec un “niveau d’endettement extrêmement élevé”, a-t-il à son tour prévenu.

Henri Guaino, seule voix discordante dans ce concert en faveur de la rigueur budgétaire, a répondu aux inquiets, en distinguant “la dette productive” que génèrera cet emprunt et la “dette improductive”: “Nous sommes à la veille d’un nouveau cycle de croissance” et “c’est le moment où jamais d’investir massivement”.

Et d’ajouter “ne pas le faire serait une erreur historique”, car cet emprunt “c’est la croissance et les emplois de demain”.

Préférant ne pas se cantonner à la gestion des “finances publiques de court terme”, une “préoccupation légitime”, M. Guaino a insisté sur la nécessité de prendre “les virages stratégiques que la France ne peut pas manquer”.