[20/10/2009 17:20:22] PARIS (AFP)
és de France Télécom manifestent à Marseille, le 20 octobre 2009 (Photo : Gerard Julien) |
France Télécom a multiplié mardi les concessions aux syndicats pour stopper la souffrance au travail, avec notamment l’annonce de recrutements et de l’arrêt des restructurations jusqu’à la fin de l’année, le jour même des obsèques d’un salarié qui s’est suicidé la semaine dernière.
Lors d’une nouvelle séance de négociations sur le stress au travail, le directeur des ressources humaines Olivier Barberot a annoncé la suspension de toutes les restructurations jusqu’à la fin de l’année, a indiqué la direction. Cette mesure fait suite à l’annonce en septembre du gel des mobilités forcées de salariés, jusqu’à la même date.
Ces annonces interviennent après 25 suicides de salariés en moins de deux ans, et au lendemain de l’envoi d’un questionnaire sur le stress aux 102.000 salariés du groupe. Selon la direction, 20.000 personnes y avaient déjà répondu mardi à 16H00.
M. Barberot a également annoncé, selon la CGT, le recrutement de 380 personnes en CDI d’ici la fin de l’année, et “1.000 créations d’emplois par réinternalisation d’activités actuellement confiées à des entreprises extérieures”. Pour la CGT, il s’agit de “nouvelles avancées”, mais “la direction peut et doit aller plus loin”.
La direction a aussi affirmé “sa volonté de réintroduire plus de collectif dans les dispositifs d?objectifs et de rémunération variable”, a salué Xavier Major (CFDT), pour qui “on était arrivé à une hypercompétition, qui n’est ni bonne pour le climat social, ni pour les clients”.
Pour Sandrine Leroy (FO), la suspension des restructurations est “une réelle avancée, parce qu’arrêter les mobilités, c’était plutôt une mesure individuelle, mais quand il y avait des restructurations, il y en avait quand même des mobilités”.
Mme Leroy (FO) s’est également félicitée de l’arrêt de l’affichage des performances individualisées comparées”, sorte de tableau d’honneur qui était “source de stress”.
“France Télécom est sorti du coma artificiel et il y a des avancées significatives”, a reconnu Patrice Diochet (CFTC).
Les syndicats ont également salué la volonté d’accélérer les négociations. Celles-ci ont cependant eu lieu en l’absence de Sud-PTT qui a décidé, -après la CFE-CGC la semaine dernière-, de quitter la séance, en dénonçant “une grande restructuration au 1er janvier 2010” et en exigeant que Stéphane Richard participe lui-même aux pourparlers.
èques du salarié qui s’est suicidé le 15 octobre 2009 à Lannion (Photo : Fred Tanneau) |
“Il y a une situation qui manque de loyauté et de transparence”, et “on n’a pas l’impression qu’on négocie avec les bonnes personnes”, a expliqué Patrick Ackermann (Sud-PTT).
Les syndicats avaient appelé le personnel à “agir sous toutes les formes” mardi, en marge de cette séance de négociation, qui coïncidait avec les obsèques du salarié qui s’est suicidé jeudi à Lannion (Côtes-d’Armor).
Plusieurs centaines de personnes ont assisté à ces obsèques, au cours desquelles sa femme a évoqué “un homme brisé (…) aux espoirs toujours déçus par l’entreprise”.
Près de 700 salariés se sont rassemblés sur six sites des Bouches-du-Rhône. Ils étaient entre 200 et 300 personnes à Nantes, et 150 à Lyon. Une centaine ont défilé à Bordeaux, et à Chambéry, une centaine ont observé une minute de silence en hommage à leur collègue de Lannion. Même chose à Brest, où 300 à 350 salariés se sont réunis en assemblée générale.
A Clermont-Ferrand, les salariés ont débrayé. Des assemblées générales et des arrêts de travail “sauvages” ont également eu lieu en Midi-Pyrénées, ainsi qu’à Lille, Villeneuve d’Asq et Cambrai.