“Ca roule !” : Poutine sûr de la reprise sur le marché automobile russe

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à Kalouga (Photo : Sergei Chirikov)

[20/10/2009 19:02:25] KALOUGA (AFP) Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a joué les pilotes d’essais et eu la primeur d’un modèle “top secret” mardi chez Volkswagen en Russie, une manière de montrer que le marché a encore de beaux jours devant lui, malgré la déprime actuelle.

Toute la symbolique de la visite, très médiatisée, aurait pu se résumer en une séquence : Vladimir Poutine s’installant au volant d’un 4×4 et démarrant sur les chapeaux de roues, avec un plaisir non dissimulé, après avoir pris soin d’attacher sa ceinture.

Le Premier ministre et le patron du géant allemand Volkswagen, premier investisseur étranger dans l’automobile en Russie, se sont ensuite attelés à marteler un seul et même message : le marché russe reste un des plus prometteurs et mérite toutes les attentions.

“Je ne doute pas que les constructeurs seront en mesure de surmonter les difficultés actuelles, de moderniser leur production, de lancer des modèles concurrentiels et demandés”, a lancé M. Poutine en découvrant l’immense usine VW de Kalouga (180 km au sud-ouest de Moscou).

Le chef du gouvernement avait fort à faire pour remonter le moral des troupes, alors que les ventes de voitures se sont effrondrées de 50% en Russie depuis le début de l’année et que le fabricant des célèbres Lada, Avtovaz, est au bord du dépôt du bilan.

M. Poutine a souligné au passage que la “plupart des grands constructeurs étrangers” – de Ford à Renault – avaient des usines en Russie et qu’ils constituaient des acteurs à part entière de l’industrie automobile nationale. Pas de quoi rassurer Avtovaz, ex-mastodonte soviétique très malmené par la concurrence des marques étrangères.

Jouant les cachottiers, le Premier ministre a vanté les mérites d’un nouveau modèle qui sera assemblé à partir de 2010 à Kalouga et assuré qu’il allait faire un tabac en Russie.

“C’est un grand secret pour l’entreprise, j’ai promis de me taire”, a-t-il lancé, de quoi ravir son auditoire, de la bouche d’un ancien agent du KGB en RDA.

“Mais je pense que c’est un modèle à forte perspective pour la Russie, fait spécialement pour la Russie et (..) qui correspond aux conditions futures du marché”, at-il ajouté.

La mèche était pourtant déjà vendue. L’usine doit fabriquer trois nouveaux modèles à partir de 2010, dont une VW spéciale pour le marché russe, basée sur la Polo, qui n’a pas encore de nom.

“La crise économique mondiale a aussi durement frappé l’industrie automobile dans ce pays (…). Mais la Russie est sur la voie de devenir une des premières nations automobile du monde”, a renchéri le Pdg de Volkswagen, Martin Winterkorn.

“Bien sûr, 2010 sera une année difficile mais à moyen terme, le marché russe se reprendra nettement”, a-t-il ajouté, estimant qu’il pourrait croître de plus de 30% par rapport à 2008 à quelque 3,5 millions de véhicules par an et “devenir ainsi le plus grand d’Europe”.

Dans ce contexte, Volkswagen n’a pas l’intention de réduire la voilure en Russie, qui constitue “un élément clé de la stratégie de croissance du groupe à l’horizon 2018”, a poursuivi M. Winterkorn.

Le PDG n’en a pas moins appelé M. Poutine à faire plus pour soutenir le secteur. “Nous espérons que le gouvernement russe ne regardera pas sans rien faire l’effondrement général du marché”, a-t-il dit, en plaidant notamment pour des primes à la casse.

Le constructeur compte vendre 100.000 voitures en 2009 en Russie, contre 130.000 l’an dernier.

L’usine de Kalouga – où le groupe a déjà investi 570 millions d’euros – emploie 1.800 personnes et en comptera 3.000 d’ici à la fin 2010 lorsque trois nouveaux modèles y seront assemblés.