Medvedev en guerre contre les conglomérats publics pour moderniser la Russie

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ésident russe Dmitri Medvedev lors d’une réunion avec des hommes d’affaires le 21 octobre 2009 à Moscou (Photo : Dmitry Astakhov)

[21/10/2009 15:59:07] MOSCOU (AFP) Le président russe Dmitri Medvedev a insisté mercredi sur le besoin de moderniser le pays qui sort à peine de la récession, critiquant au passage les conglomérats publics, pour la plupart créés par Vladimir Poutine, et le règne de la corruption.

Lors d’une rencontre avec les oligarques russes au Kremlin, le chef de l’Etat s’est félicité que la Russie, touchée de plein fouet par la crise mondiale, commence à voir son économie “se redresser”.

Un peu plus tôt dans la journée, le vice-ministre du Développement économique, Andreï Klepatch, avait annoncé que le Produit intérieur brut (PIB) russe avait augmenté de 0,6% au troisième trimestre par rapport au deuxième. Il avait pronostiqué une hausse de 3 à 4% au quatrième trimestre, qui confirmerait la sortie de récession du pays.

Indépendamment de ce regain d’optimisme, “la crise a montré les faiblesses de notre économie et il est évident que si nous ne nous transformons pas, une nouvelle crise enterrera tout simplement de nombreuses entreprises ici présentes”, a insisté M. Medvedev.

“Si nous n’engageons pas une modernisation dès à présent, si les structures ne changent pas d’ici à 2012 (date à laquelle l’économie doit revenir à son niveau d’avant la crise, ndlr), nous resterons toujours à la traîne”, a renchéri le chef du patronat russe, Alexandre Chokhine, estimant que la plupart des entreprises russes étaient en retard d’une ou de plusieurs générations.

M. Medvedev a critiqué les entreprises d’Etat, pour la plupart créées sous la présidence de Vladimir Poutine, dans des secteurs tels que l’armement (Rosoboronexport), les nanotechnologies (Rosnanotekh) ou l’énergie atomique (Rosatom).

“Je pense que nous avons à un certain moment perdu le contrôle sur la création des entreprises publiques”, a-t-il déclaré.

“Cela ne signifie pas qu’il faut les fermer demain, elles vont travailler. Mais en fin de compte, une question se posera: les transformer en société par actions, ou liquider leur activité”, a-t-il ajouté.

“Les entreprises publiques, qui ont été créées pour un certain délai et qui ne vivent plus que grâce aux fonds (publics), doivent simplement disparaître. Mais celles qui sont nécessaires aujourd’hui doivent changer leur structure juridique. Nous n’avons pas besoin de telles structures”, a-t-il explicité.

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ésident russe Dmitri Medvedev (G) et Sergueï Tchemezov, patron de Rostekhnologii, le 18 septembre 2009 à Barvkha, près de Moscou (Photo : Dmitry Astakhov)

Selon certains analystes, la structure opaque de ces méga-entreprises publiques a permis à des proches de M. Poutine, tels que Sergueï Tchemezov, patron de Rostekhnologii, d’agir sans avoir de comptes à rendre.

Ces mastodontes industriels sont depuis plusieurs mois dans la ligne de mire de M. Medvedev: le 7 août, il avait déjà chargé le procureur général de Russie Iouri Tchaïka de les contrôler.

Le président russe a par ailleurs blâmé les entrepreneurs, les tenant pour responsables de la corruption qui gangrène le pays, alors que le patron du géant de l’aluminium Rusal, Oleg Deripaska, déplorait qu’il faille verser des pots-de-vin à des structures intermédiaires pour obtenir un jugement favorable.

“La question est + qui les paie?+”, a rétorqué M. Medvedev. “C’est le business”, a-t-il ajouté, estimant qu’il fallait “mettre en prison” ces intermédiaires.

Selon le président, les responsables corrompus ont toujours existé mais leur nombre a sans doute augmenté au cours de la crise.

“Dès que les entrepreneurs ont des informations de ce type, leur devoir est d’écrire au Parquet. C’est de la corruption, il faut lutter contre, sinon vous allez le payer à l’avenir”, a-t-il encore dit.