Tunisie : Ubifrance place la barre très haut

Venant de Chine, le chef du bureau -nouvellement ouvert- d’Ubifrance à Tunis, a
pour mission de tripler le nombre d’entreprises françaises accompagnées en vue
d’exporter ou de s’implanter en Tunisie.Entretien avec Jacques Torregrossa

Webmanagercenter: Ubifrance s’est lancée depuis le début de cette année dans une
vaste campagne visant à développer les exportations françaises, et qui s’est
traduite par l’ouverture de deux bureaux au Maghreb, l’un à Tunis et l’autre à
Alger. Quels objectifs y poursuivez-vous ?

jacques_torregrossa-1.jpgJacques Torregrossa : Je voudrais d’abord rappeler que j’arrive de Chine où j’ai
dirigé Ubifrance Chine qui est notre plus grand bureau dans le monde. Et comme
cela a très bien marché, on m’a demandé où est-ce que je voulais aller. J’ai dit
la Tunisie ou l’Australie. Et c’est la Tunisie que j’ai obtenue comme
récompense. Je dis cela pour montrer l’importance qu’a la Tunisie en France.
J’espère arriver à faire en Tunisie ce que j’ai fait en Chine.

Ubifrance est une agence créée en 2003 et qui vient maintenant de déployer ses
ailes à l’étranger. Etant l’agence pour le développement international des
entreprises, son rôle couvre à la fois les exportations et l’installation des
entreprises à l’étranger. L’administration tunisienne devrait bien m’aimer. Pour
l’exportation pas trop, mais pour l’implantation des entreprises elle devrait
quand même apprécier mes efforts.

En effet, l’idée est d’aider le plus grand nombre de PME-PMI françaises à
s’implanter en Tunisie dans les années qui viennent. Pour prendre l’exemple de
la Chine, on a doublé en quatre ans à la fois nos implantations et le nombre
d’entreprises exportant sur la Chine. J’espère réaliser la même performance ici
en Tunisie. Bien qu’on parte ici d’un peu plus haut.

Vous a-t-on assigné des objectifs chiffrés ?

Oui, mais je ne peux pas les donner. Nous avons des objectifs très ambitieux sur
la Tunisie et tous les ans on va mesurer ma performance. La seule chose que je
puis vous dire, c’est qu’on a regardé ce qui se faisait en 2008 et on me demande
un triplement pour 2010 au niveau des accompagnements. On arrive à cela en
organisant des évènements. Par exemple, nous allons organiser prochainement une
mission pour les sous-traitants du secteur ferroviaire français qui vont venir
ici dans un mois pour rencontrer les grands donneurs d’ordre tunisiens, ainsi
que les grandes filiales dans ce domaine-là. On participera également à des
salons;
Green Ifriqiya, et le SIAMAP par exemple.

Nous allons organiser des séminaires d’information pour faire venir des
entreprises qui vont rencontrer la BAD (Banque africaine de développement).

Voilà comment on devrait arriver à tripler le nombre d’entreprises accompagnées.

Pourquoi avoir choisi, au niveau du Maghreb, d’appliquer cette nouvelle
politique à la Tunisie et à l’Algérie ?

Parce que le Maroc est un cas très à part, unique au monde. On y a confié les
intérêts d’UBIFRANCE non pas au service commercial de l’ambassade, mais à la
Chambre Française de Commerce au Maroc. L’Algérie et la Tunisie font partie
actuellement des 25 pays dans le monde où il y a un bureau Ubifrance. En 2010,
on arrêtera le compteur à 44 pays –sur près de 200.

Le Cepex met depuis deux ans des produits –études, informations, etc.-d’UBIFRANCE
à la disposition des entreprises tunisiennes. Allez-vous continuer cette
coopération ?

Cela dépend du Cepex, mais c’est assez original. Il y a très peu de pays avec
lesquels Ubifrance a signé un tel accord. Les études sur la Tunisie
n’intéressent bien entendu pas l’entreprise tunisienne. Mais on en fait sur les
autres pays et cela coûte très cher. Avant mon départ de Chine, nous avons
terminé un document qui a coûté 30.000 euros, qu’on vend 200 ou 300 euros. Nous
mettons à la disposition du Cepex, avec un prix subventionné, des études de
marché qui valent une fortune. Je crois que c’est une aide extrêmement
importante et appréciée par les entreprises tunisiennes. J’en ai eu le
témoignage. J’ai déjà participé à quelques conférences au cours desquelles des
entreprises tunisiennes m’ont dit qu’elles avaient déjà utilisé des études d’Ubifrance.
Cela serait impossible à réaliser par les services commerciaux des ambassades
tunisiennes à l’étranger, parce que c’est trop lourd et trop cher.

L’antenne Ubifrance de Tunis va-t-elle concurrencer la Chambre tuniso-française
de commerce et d’industrie, dont le cœur de métier est l’accompagnement des
entreprises tunisiennes en France et françaises en Tunisie ?

Je suis très à l’aise avec la Chambre tuniso-française de commerce et
d’industrie. J’en ai rencontré les responsables en premier au mois de juin
dernier, lors d’une mission préparatoire. Le seul de mes trois rendez-vous hors
de l’ambassade était alors avec le président et le directeur de la Chambre, qui
sont très sympathiques.

Il y a peut-être un tout petit peu de concurrence, vue de l’extérieur, mais en
fait beaucoup plus de complémentarité. Et je préfère insister sur le côté
complémentaire. D’abord, nous, Ubifrance, sommes très présents dans ce qui coûte
cher et fait perdre de l’argent. Or, la
CTFCI
est obligée de faire ses
équilibres financiers. Nous, nous recevons des subventions de l’Etat français
pour faire, justement, ce qui ne peut pas être rentable : études de marché,
subvention aux entreprises pour qu’elles aillent sur les marchés étrangers, etc.

Dans quelques semaines, la CTFCI organise les Journées Partenariales
Tuniso-Françaises que nous labellisons, donc nous donnons à la Chambre de
l’argent pour qu’elle organise cette manifestation à laquelle elle nous associe.
Je suis très content de cette collaboration, d’autant que cela entre dans mes
chiffres.

Comptez-vous proposer vos services aux entreprises tunisiennes ?

Il existe pas mal d’aides destinées en priorité, c’est vrai, aux entreprises
françaises, mais qui par ricochet bénéficient aux entreprises tunisiennes. J’ai
profité d’un récent séminaire à l’UTICA pour en parler. Ces aides ne sont pas
forcément gérées par Ubifrance, mais elles passent toutes par mon bureau.