Philippe Crapart : «Un contenu centré sur les valeurs culturelles tunisiennes»

Philippe Crapart est un accompagnateur d’entreprises et
consultants dans leur demande d’innovation, amélioration de performances et
excellence. Il répond à nos questions.

philippe-crapart-gtz-1.jpgWebmanagercenter
: Quel rôle attribuer à la motivation?

Philippe Crapart : Elle est au centre de toute aventure humaine. Et
l’entreprise n’y échappe pas quel que soit son potentiel technique et
technologique. L’innovation est au centre de la réussite et c’est là-dessus
que je reviens le plus.

Pourquoi mettre les experts en réseau?

Sous les auspices et dans le cadre donné par la
GTZ, je viens aider des
consultants en management de l’innovation, à organiser leur réseau idéal
pour parvenir à devenir une référence en Tunisie. Ma valeur ajoutée ne sera
pas de leur dire, en aucun cas, voilà la solution. Mon métier est de les
aider à trouver la solution qui leur convienne dans laquelle il y a une
garantie de succès par rapport à leurs objectifs.

Vous leur apprenez à travailler ensemble

Oui, je les aide à se centrer sur l’aspect collaboratif d’une démarche de
montage de réseau. Un réseau c’est une équipe qui se met en place, qui
partage une vision du futur, une répartition des rôles et où il y a une
coordination d’ensemble. Je vais donc les aider en termes de processus de
contenu de leur vision. Mon travail est de veiller à ce que ce soit clair et
partagé entre eux. Mon accompagnement sera centré sur la façon dont ils
s’approprient cette démarche et dont ils mettent en place les moyens pour la
conduire au succès.

Est-ce qu’il y a un risque d’échec ?

Ce risque d’échec est toujours présent dans toute entreprise humaine. La
mission de montage de réseau n’y échappe pas surtout avec des consultants
qui sont autonomes et indépendants… Un réseau n’est pas facile à mettre en
place mais facile à démolir. Il y a beaucoup de risques et on a travaillé
sur la question.

Quelle serait l’exigence clé ?

Un supplément d’âme est nécessaire et je le représente par un grand effort
de rigueur et de professionnalisme, et s’ils veulent devenir la référence
qu’ils souhaitent devenir sur le marché tunisien, je pense que leur
constance sera la clé du succès.

Savez-vous ce qu’attendent de vous les entreprises tunisiennes ?

Je sais ce que ces milieux attendent de la part des consultants. Dans la
démarche de RES’INN, j’aide les consultants à être ciblés, concentrés, sur
les attentes que les entreprises peuvent avoir par rapport à des consultants
d’innovation et répondre à ces attentes là avec de l’efficacité, de la
méthode et ce avec un référentiel commun.

Si RES’INN fonctionne bien, il devrait être un label de qualité reposant sur
un référentiel commun au plan méthodologique, éthique ainsi que sur le plan
des outils. Ces trois axes sont des axes de travail que nous avons commencé
à explorer ensemble.

Quels sont vos principaux points d’ancrage ?

Ma méthode contient trois fois la lettre A. Le premier A, comme
apprentissage. Le second est comme appropriation -et il est utile que les
consultants s’approprient ce qu’ils apprennent-, et le troisième, qui est
essentiel de mon point de vue, est leur autonomie, leur capacité à vivre ce
réseau.

A comme altitude, aussi?

Je prends le quatrième A de l’altitude et ça me convient très bien car
l’altitude donne du recul et cela caractérise tout innovateur. Pour être
capable de voir loin et pour prévoir loin, il faut être relativement haut.

Que diriez-vous de A comme Avance également ?

Innover c’est prendre de l’avance. Innover c’est être centré sur l’horizon ;
un innovateur est capable d’anticiper, de se mettre devant les autres et
c’est là dessus que l’on travaille.

Comment accepter que l’innovation reste en dehors de l’entreprise ?

De la même manière que je prends les consultants dans le montage de leur
réseau, les consultants sont capables d’aider l’entreprise à monter sa
démarche d’innovation. Un bon consultant n’apportera pas à l’entreprise le
contenu et la solution mais la garantie d’un processus d’innovation. Qui
fonctionne. Etre l’expert de ses clients est à mon sens quelque chose qui va
aider l’entreprise à s’approprier le processus de l’innovation et à le mener
en autonomie vers sa réussite. Par conséquent, l’expert devient dans cette
démarche là le champion d’un processus, d’une éthique.

Est-ce que les experts qui travaillent avec vous ont du répondant ?

Ils sont extrêmement motivés et je trouve qu’ils ont envie de cette
démarche. Elle leur plait et les séduit. On a partagé des attentes et des
valeurs. Je pense que la phase où ils en sont actuellement est une phase de
prise de conscience. Il fallait discuter du montage du réseau et discuter de
la démarche. A présent on est en train d’entrer dans la maturité,
c’est-à-dire très probablement la construction de quelque chose de crédible
avec peut-être des ambitions hautes mais progressives. Là, ils réalisent que
le challenge est important et que les risques doivent être maîtrisés. De ce
fait, leur motivation est considérable.

Les experts internationaux font souvent du copier coller pour ce genre de
missions «exotiques» ? Echappez-vous à la règle ?

Ma démarche est certainement adaptée à la Tunisie dans la mesure où comme je
l’ai dit tout à l’heure, je n’apporte pas de contenu, dans la mesure où je
m’efforce après les avoir identifiées de respecter les valeurs tunisiennes,
dans la mesure où j’essaie en permanence d’avoir ce respect des cultures en
laissant la responsabilité aux consultants de garnir le contenu comme ils
l’entendent.

Donc pas de solution clés en mains ?

Jamais, jamais au grand jamais. J’ajouterais que ce serait prétentieux de ma
part de ne pas associer les participants. J’ai su les mettre au travail et
ce qu’on est en train de faire n’est pas une formation. C’est de la
formation. Je ne suis pas en train de leur souffler la solution. Je suis en
train de les encadre à travailler, et c’est eux qui définiront de façon
progressive et en suivant la logique de l’innovation le cadrage de leur
projet, sa faisabilité, son contenu, son planning, ses résultats et
ultérieurement sa politique de communication.

Vous engageriez-vous sur une durée de garantie ?

Je m’engage sur un an et probablement au-delà. Je pense que, un projet aussi
ambitieux que celui-là, n’est pas un projet facile. Cependant, le niveau de
la motivation et la volonté de GTZ en amont de tout cela me garantissent
certainement que l’on va vers une réussite. Et, l’objectif qui est de
devenir une référence est un objectif sur lequel on peut s’engager.

Il y aura un acte de naissance pour le réseau, avant votre départ ?

Il faut demander au sponsor et puis il faut demander aux consultants. Ce
sont eux qui vont décider. Je leur ai déjà dit qu’il n’y a pas de réseau qui
naisse sans communication, et que l’acte de naissance, à un moment donné, il
faudra le formaliser. Oui bien sûr j’espère bien qu’il y aura un acte de
naissance et j’espère bien être invité ce jour là à la fête qui sera donne à
l’occasion.

Continuerez-vous à suivre le projet à distance?

Si la GTZ et les consultants le souhaitent ce sera, oui. Dans la mesure où
il le faut, ce sera avec plaisir. Je ferai un accompagnement sur le terrain
d’un certain nombre de leurs actions.