à Francfort, le 15 septembre 2009 (Photo : Sascha Schuermann) |
[23/10/2009 15:35:06] FRANCFORT (Allemagne) (AFP) Le constructeur américain General Motors a repoussé d’au moins deux semaines la signature du contrat de vente de ses marques européennes Opel/Vauxhall à l’équipementier canadien Magna, provoquant l’ire des syndicats et le doute sur ses intentions.
“Le travail va continuer pour résoudre les points encore ouverts de la proposition de Magna et de (la banque russe associée au projet) Sberbank, par exemple ceux liés aux réductions des coûts de main d’oeuvre et au paquet de financement fourni par les gouvernements”, a annoncé vendredi John Smith, négociateur en chef de GM sur son blog internet, moyen de communication qu’il affectionne.
Les efforts vont aussi se poursuivre afin de “boucler les préparatifs pour la signature des contrats au cas où elle serait autorisée par le Conseil d’administration de GM le 3 novembre”, écrit-il.
“General Motors a dépassé les bornes. Il est sur le point de perdre la dernière once de confiance que lui gardent encore les salariés et les syndicats, l’opinion publique et les pouvoirs politiques”, s’est emporté le chef du comité d’entreprise européen Klaus Franz.
Depuis deux semaines, la signature du contrat est sans cesse repoussée et les discussions patinent notamment sur la participation des salariés au “New Opel”.
Et GM avait déjà plus d’une fois reporté son choix d’un repreneur cet été. La presse affirmait alors qu’il aurait préféré l’offre de la société d’investissement belge RHJ International, mais que Berlin aurait conditionné son aide financière — 4,5 milliards d’euros — au choix de Magna, qui promettait de garder les quatre usines allemandes et de supprimer moins d’emplois en Allemagne que dans les autres pays, en proportion.
Le rebondissement de vendredi semble lié essentiellement aux réserves émises par la Commission européenne en fin de semaine dernière. Elle a critiqué indirectement la façon dont l’Allemagne, où sont implantés la moitié des 50.000 emplois d’Opel, s’est immiscée dans le choix de Magna.
à Berlin (Photo : Axel Schmidt) |
Le ministre de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg a envoyé un courrier à GM, lui demandant de confirmer que la procédure a bien suivi des critères économiques et non politiques, et de satisfaire ainsi aux exigences de Bruxelles.
Et c’est apparemment là que le bât blesse, d’autant plus que la chancelière Angela Merkel et de nombreux responsables politiques allemands, à l’époque en pleine campagne électorale, ont des mois durant déclaré publiquement leur soutien à l’offre de Magna/Sberbank.
Les Etats européens abritant d’autres usines Opel, en particulier la Belgique -où le site Anvers est promis à la fermeture-, la Grande-Bretagne et l’Espagne, avaient d’ailleurs vertement critiqué Berlin pour son activisme aux accents protectionnistes dans le processus de vente de constructeur.
Etant donné “l’importance de la transaction Opel”, le conseil d’administration de GM va “examiner” cette lettre lors de sa réunion, a sobrement commenté John Smith sur son blog.
Tant qu’à reconnaître que les choses ont été faites dans le respect de la concurrence, de hauts responsables de GM jugent désormais que le groupe américain pourrait lui même revendiquer des aides publiques pour redresser Opel/Vauxhall, assure le site de l’hebdomadaire Spiegel. GM ne serait donc plus disposé à vendre Opel, sa filiale depuis 80 ans, à Magna, poursuit le site.
Interrogée, une porte-parole de GM Europe a refusé de commenter et conseillé d’attendre la réunion du conseil d’administration du 3 novembre.