Développement et coopération internationale
La Tunisie a emprunté, depuis 1987, la voie d’une stratégie de
développement qui
se distingue par son caractère global et graduel. C’est une stratégie aux
objectifs harmonieux, ayant pour ambitions le bien-être de l’homme,
l’amélioration de ses conditions de vie et l’élévation de la société à des
paliers supérieurs de progrès et de développement, dans le cadre de la
solidarité entre les catégories sociales et les régions.
La Tunisie est parvenue, depuis le Changement du 7 novembre, à réaliser une
mutation qualitative dans les divers domaines de l’action économique,
enregistrant des taux de croissance sans précédent, à la faveur des réformes
structurelles introduites et qui visaient à réhabiliter la rentabilité
économique et à instaurer les mécanismes du marché.
Les efforts se sont focalisés principalement, dans ce domaine, sur
l’amélioration du cadre réglementaire et législatif relatif à la
libéralisation
de l’investissement, des prix et du commerce extérieur, ainsi que sur la réforme
du système fiscal dans le sens de la réduction des charges des entreprises de
manière à les motiver pour produire plus et mieux et de développer leurs
actions.
Préserver les équilibres généraux de l’économie
Dans ce contexte, la Tunisie est parvenue à réaliser des taux de croissance
élevés qui ont dépassé les 4,7% aux prix constants durant la période 1987-2008.
A la faveur des réformes mises en œuvre, elle a réussi à préserver les
équilibres généraux de l’économie, notamment pour ce qui est de l’endettement
dont les indicateurs ont pu être ramenés à des niveaux raisonnables. Le taux de
la dette a ainsi été ramené à 43% et celui du service de la dette à 7,8% en
2008, contre respectivement 58 et 26,3% en 1986. Le taux d’inflation a, lui
aussi, été maîtrisé.
Créer l’environnement favorable aux affaires et à l’investissement
Les réformes engagées ont entraîné une amélioration notable de l’environnement
des affaires et de l’investissement, ce qui a contribué à réunir les conditions
d’une contribution plus grande du secteur privé à l’effort de développement, sa
part dans l’investissement global passant à 62,5% en 2008, contre 47,9% en 1986.
A ce ceci s’ajoutent la diversification de la plate-forme économique et
l’introduction d’une nouvelle dynamique dans maints secteurs qui constituent
désormais autant de confluents de l’économie.
Les dernières années ont été marquées par l’avènement de secteurs porteurs à
l’instar des industries électriques, mécaniques et électroniques, le secteur du textile-habillement ayant, lui, conservé ses positions malgré les pressions et
turbulences qu’il a subies. Grâce à l’environnement favorable et au savoir-faire
dont ils ont pu disposer, ces secteurs nouveaux sont parvenus à accéder aux
marchés extérieurs, à s’y imposer et tenir tête à la concurrence, outre les
progrès soutenus du secteur des services, notamment dans les activités liées aux
technologies de l’information et de la communication.
Arrimage à l’économie mondiale
La Tunisie s’est employé à s’intégrer graduellement dans l’économie mondiale,
notamment en renforçant son ouverture sur l’extérieur et en œuvrant à accroître
la compétitivité de son économie. C’est ce qu’illustrent la progression notable
de la part des exportations dans le PIB de 34,7% en 1987 à 61,1 % en 2008,
l’évolution du volume des investissements extérieurs de 100 MDT en 1986 à près
de 3.597 MDT en 2008, d’où le nombre accru d’entreprises à participation
étrangère en Tunisie, actuellement au nombre de 2.800, la plupart exportatrices,
contre 400 en 1986. L’on relève également l’amélioration appréciable enregistrée
au niveau de la structure de l’exportation, la part des exportations
industrielles dans les
exportations totales étant passé de 62% en 1986 à 79,2%
en 2008.
L’arrimage à l’économie mondiale, l’accès aux marchés extérieurs et la
résistance à la concurrence représentent autant de choix stratégiques constants
et d’enjeux à gagner. Aussi les efforts de réforme se sont-ils focalisés sur la
réunion des conditions favorables pour conférer à l’économie nationale davantage
de solidité, de diversité et de compétitivité.
Ces efforts et succès ont été couronnés, au début des années quatre-vingt-dix,
par l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce et la conclusion, en 1995,
de l’accord d’association avec l’Union Européenne, acte fondateur de
l’instauration d’une zone de libre échange avec l’un des principaux espaces
économiques du monde. Cette zone de libre échange est entrée en vigueur le 1er
janvier 2008, ce qui représente en soi une reconnaissance des avancées réalisées
par la Tunisie sur la voie des réformes et du progrès.
Au plan social, le Changement a conféré à l’homme une place centrale en tant
qu’instrument et finalité du développement, consacrant un modèle et une approche
scellant la corrélation étroite entre développement économique et progrès
social.
Corrélation entre les dimensions économique et sociale
Les choix retenus, l’utilisation optimale des potentialités disponibles et la
répartition équitable des fruits de la croissance ont permis de porter le revenu
par tête à 4.911 dinars en 2008, contre 960 dinars en 1986. Le revenu par tête a
ainsi été multiplié par cinq, entraînant une progression notable du pouvoir
d’achat avec, parallèlement, l’évolution du volume des transferts sociaux à un
rythme soutenu, pour atteindre l’équivalent de 333 dinars par mois et par ménage
en 2008, contre 81 dinars en 1986.
La pauvreté a sensiblement reculé et ne touche plus actuellement que 3,8% de la
population, contre 7,7% en 1986. C’est là la conséquence du succès de la
politique sociale résolument humaniste qui a permis d’élargir la classe moyenne
de la société, estimée actuellement à près de 80% de la population.
Du fait des mutations qualitatives qui apparaissent dans toute leur évidence aux
plans du mode et des conditions de vie et à la faveur de la couverture sanitaire
qui ne cesse de s’améliorer depuis le Changement, les dépenses de l’Etat dans ce
domaine, ayant été multipliées quasiment par cinq au cours des deux décennies
écoulées, l’espérance de vie a été porté à 74,2 ans en 2008.
Divers autres indicateurs sont tout aussi éloquents. Le taux de scolarisation
des enfants âgés de 6 ans est passé de 90% en 1981 à quasiment 100%
actuellement. Le nombre d’étudiants a progressé de manière exponentielle pour
atteindre360.100 étudiants fin 2009, soit huit fois plus que le nombre
d’étudiants inscrits en 1987.
Le taux d’analphabétisme a régressé d’un point par an de 1987 à 2008, soit de 41
à 20,3%. Les dépenses consacrées à la recherche scientifique sont passées de
0,4% du PIB en 1992 à 1,07% en 2006.
Parce que l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble des Tunisiens a
toujours été et demeure le principal objectif des divers programmes et
politiques de développement depuis 1987, des acquis significatifs ont été
réalisés en la matière, dont la baisse de la proportion d’habitations
rudimentaires à 0,69% en 2007, contre 8,8% en 1986, la hausse du taux de
raccordement aux réseaux d’assainissement en milieu urbain de 31 % en 1987 à
82,3% en 2008, le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural de 28,7% en 1986
à 93,9% en 2008 et le taux d’électrification rurale de 32 % en 1988 à 99% en
2008.
Ces indicateurs montrent clairement que le développement, en Tunisie, profite à
l’ensemble des catégories sociales et des régions, sans exclusive. Ils
confirment aussi que la solidarité et la réunion des attributs de la vie digne
pour l’ensemble des Tunisiens constituent d’autant plus des valeurs
civilisationnelles et morales incontestables qu’elles ont été confortées par de
nombreuses initiatives présidentielles, à l’instar de la création du Fonds de
Solidarité Nationale et de la Banque Tunisienne de Solidarité, la mise en place
d’un système de microcrédits, la création du Fonds National de l’Emploi ou Fonds
21-21 et le renforcement des moyens des associations de développement afin
qu’elles concourent à la création de sources de revenus et au lancement de
microprojets propres à doter les catégories de condition modeste des attributs
d’une vie digne.
Par ailleurs et en confirmation du statut de la femme en tant que partenaire à
part entière en droits et en devoirs et en tant qu’un des piliers du
développement intégral, la Tunisie s’est employé, dans le cadre du projet
réformiste de l’Ere du Changement, à consolider la place de la femme dans la
société, à la faveur d’une politique renouvelée qui a permis à la femme
d’accéder aux postes de décision et de responsabilité.
Compte tenu du fait que, dans l’esprit du président Ben Ali, les droits de
l’Homme procèdent de tout un dispositif cohérent englobant les droits
politiques, économiques et sociaux, tout à la fois, une place axiale a été
conférée à l’emploi en tant que garant de la dignité de l’individu et de la
cohésion de la société. Aussi, l’emploi, en particulier l’emploi des diplômés,
demeure-t-il en tête des priorités.
Les politiques menées en la matière ont permis de renforcer la dynamique du
marché de l’emploi, notamment par l’amélioration notable en termes de création
d’emplois qui ont franchi le cap des 372.000 au cours de la période du Xe Plan,
soit 92,5% des créations prévues.
Afin d’impulser cette dynamique et dans le but d’accélérer le rythme d’insertion
des diplômés dans le circuit économique, de nombreux programmes et mesures ont
été mis en place au profit de cette catégorie et ce par l’élargissement du champ
d’intervention du Fonds National de l’Emploi et l’activation du programme
d’encouragement de l’emploi des jeunes. Il en va de même pour la création de la
Banque des PME, du renforcement des mécanismes de mise à niveau pour le travail
indépendant et nombre d’autres dispositions qui ont contribué à offrir des
opportunités aux demandeurs d’emploi et à leur offrir de nouveaux mécanismes
pour pouvoir s’installer à leur compter et s’intégrer dans la vie
professionnelle.
Dans le même contexte, le développement régional, avec ses différentes
composantes, occupe une position avancée dans les divers programmes et
politiques de développement, parce que constituant un choix stratégique et un
mécanisme essentiel pour la redistribution des fruits de la croissance. Le
Programme présidentiel Pour la Tunisie de demain l’a bien souligné, en
consacrant un chapitre à part à cette question et en faisant de la région un
pôle de développement dynamique.
Objectifs de l’étape à venir
S’appuyant sur les acquis et réalisations accomplis, qui ont embrassé tous les
domaines de la vie et bénéficié à l’ensemble des couches sociales et des
régions, la Tunisie ambitionne d’atteindre des niveaux de bien-être et de
progrès encore plus élevés.
La période quinquennale 2007-2011 sera marquée par un ensemble de défis et
enjeux qu’il faudra gagner par l’approfondissement des réformes et
l’intensification des efforts en vue de répondre aux attentes des Tunisiens et
des Tunisiens et des Tunisiennes.
Compte tenu des mutations prévisibles aux plans intérieur et extérieur et à la
lumière des objectifs et choix fixés par le Programme présidentiel pour le
Tunisie de demain, un certain nombre d’orientations ont été définies pour la
période à venir et visent principalement à consolider les fondements de la
République de demain et à édifier la société du savoir, parallèlement au
renforcement des assises de l’économie nationale et à son intégration totale
dans l’espace mondial, de manière à répondre aux aspirations nationales,
notamment pour ce qui est de continuer à augmenter les revenus, renforcer les
acquis de la classe moyenne et améliorer les conditions de vie.
L’objectif consistant à accélérer le rythme de croissance constitue cependant
l’enjeu majeur pour les cinq années à venir parce que constituant la condition
essentielle pour améliorer le revenu et impulser la création d’emplois, en
particulier au profit des diplômés universitaires.
Les objectifs retenus pour la période à venir consistent à consolider la
politique de répartition du revenu afin d’améliorer encore plus l’indicateur de
développement humain, à renforcer la place de la classe moyenne et à réduire le
taux de pauvreté, outre l’impératif de parfaire les transferts sociaux et de les
destiner à ceux qui en ont le plus besoin, prendre en charge les catégories
sociales ayant des besoins spécifiques, accroître l’investissement dans le
capital humain, renforcer sa contribution à la croissance et maîtriser les
équilibres généraux de l’économie nationale.
Afin de concrétiser l’ensemble des objectifs fixés pour la période quinquennale
2007-2011, notamment en termes de croissance, la stratégie de développement
retenue à cet effet place en tête de ses priorités la promotion de l’emploi, de
l’investissement, de la création d’entreprises et de l’exportation. Elle accorde
aussi tout l’intérêt requis aux questions en rapport avec la compétitivité, la
productivité et les politiques financières et sectorielles. Il s’agira aussi de
continuer de porter l’attention au développement humain et au développement
social, de renforcer le développement régional et local, ainsi que d’assurer
l’intégration de la dimension environnementale et de l’élan de solidarité dans
les activités économiques, sociales et culturelles.
Etant donné la place importante conférée au développement social, la période à
venir sera marquée par le renforcement des efforts en faveur de la réduction
accrue de la pauvreté et la multiplication des programmes d’encadrement et
d’insertion des catégories sociales vulnérables, outre la rationalisation de la
politique de répartition du revenu et le renforcement de la classe moyenne dans
la société. La période du XIe Plan sera aussi parquée par le renforcement de la
couverture sanitaire, la généralisation de la couverture sociale à l’ensemble
des catégories sociales afin de toucher 97 % des catégories professionnelles, la
préservation des équilibres des caisses de sécurité sociale et le parachèvement
de la mise en place du nouveau système d’assurance-maladie.
Chiffres et indicateurs
Investissements extérieurs :
1986 : 100 MD
2008 : 3597 MD
Parts des exportations industrielles :
1986 : 62%
2008 : 79,2%
Contribution des importations au PIB :
1986 : 30,9%
2008 : 61,1%
Taux de la dette extérieure :
1986 : 58%
2008 : 43%
Taux du service de la dette :
1986 : 26,3%
2008 7,8%
Montant des transferts sociaux mensuels par ménage :
1986 : 81 dinars
2008 : 333 dinars.
(Source : ministère du Développement de la coopération internationale)